Un groupe des Alcooliques Anonymes a été créé à Avallon il y a dix ans
in "L'Yonne Républicaine" (France), 23 avril 2016
Alice n’a pas touché une goutte d’alcool depuis plus de trente ans, après avoir bu de 17 à 28 ans. Elle est devenue abstinente en rejoignant les Alcooliques Anonymes.
«Il était nécessaire que j'arrête, l'alcool dominait toute ma vie. C'est plus fort que tout. J'entrais dans un café le matin en me disant "Aujourd'hui, je commande un café" et je prenais un demi. Après, tu bois toute la journée », se souvient Alice (*), abstinente depuis plus de trente ans.
« Dès la première fois où j'ai bu, j'ai vu que je ne buvais pas comme tout le monde. Je ne m'arrêtais pas. La plupart des gens arrêtent de boire avant d'être malade. Je n'ai jamais pu contrôler ma consommation, témoigne-t-elle. Ce n'est pas un vice, comme me le disait ma mère, c'est une maladie. »
" Quand on boit, on est gonflant. C'est très dur pour nos proches"
« J'ai bu de 17 à 28 ans, raconte-t-elle. J'avais un alcoolisme de bar, j'étais jeune. Les hommes me payaient des verres. À mes risques et périls, vous pouvez l'imaginer… Des bars d'étudiants, j'ai fini dans les bars les plus malfamés de Bordeaux. Les autres ne voulaient plus me servir. Votre entourage finit par en avoir marre. Quand on boit, on n'est vraiment pas un cadeau. On est gonflant. C'est très dur pour nos proches. Ma famille n'en pouvait plus. Ils ont tout essayé, puis ils en ont eu marre. »
Pour la jeune femme qu'elle était, l'alcool semblait être une aide, un coup de pouce pour être plus sociable. « J'étais une personne très réservée. Ça me permettait de parler aux gens. Je pensais que ça allait m'aider, mais en réalité j'avais l'alcool très triste. Ça me rendait aussi plus impulsive. J'engueulais tout le monde. »
C'est un groupe des Alcooliques Anonymes qui l'a sortie de cette consommation. « J'avais tout essayé, dont plusieurs cures de désintox. Je vivais avec quelqu'un et, un jour, il m'a mise devant la glace en me disant "Regarde ce que tu es en train de devenir". Je me suis vue bouffie, négligée. J'ai lu le livre de Joseph Kessel sur les Alcooliques Anonymes. Il y a beaucoup de témoignages, je me suis bien identifiée. J'ai rejoint un groupe à Bordeaux. »
« Au début, j'y allais complètement bourrée, se rappelle Alice. Mais j'ai continué et un jour, je n'ai plus eu envie de boire. Je ne saurais pas expliquer pourquoi. C'est une psychothérapie de groupe, seulement entre alcooliques ou abstinents, il n'y a pas de professionnels. »
« Émotionnellement très malade »
« C'est un travail très personnel, dans le cadre d'un programme de rétablissement. On travaille sur soi, on fait l'inventaire de soi-même. J'étais émotionnellement très malade, considère-t-elle aujourd'hui. Le fait d'être avec des gens qui ont le même problème permet de ne pas se sentir jugé, poursuit-elle. On est dans la compréhension les uns des autres. »
En quelques mois, Alice a arrêté. Elle est totalement abstinente depuis plus de trente ans. « Je suis stabilisée, considère-t-elle. Je ne suis plus tentée, je peux aller dans un bar sans problème maintenant, je ne boirai pas d'alcool. Malgré tout, comme tout alcoolique, je vis un jour après l'autre. »
Elle continue aussi d'aller aux réunions, à Avallon désormais. « Pour moi et parce que c'est un mouvement, les anciens doivent transmettre aux nouveaux. »
4 et 6 rue Jean de la Fontaine - 89200 Avallon - Yonne - France