"Jean-Pierre, ce miraculé"
in "Le Télégramme" (France), 15 décembre 2016
Pour lui, tout a commencé à 17 ans. À la salle des fêtes de Quimper. Une première bière, pour se défaire de sa timidité presque maladive. D'un mal-être déjà perceptible. « Avec cette première bière, j'étais enfin à l'aise, je pouvais chanter, danser ». Alors, en ces temps adolescents, ce fut les années « de pistes. Tous les week-ends. J'en ai usé et abusé ». Puis les années de déchéance. « Des états lamentables », concède le sexagénaire, pour qui, bien avant la trentaine, l'alcool festif ne suffisait plus. « Je suis allé à Rennes, où j'étais complètement libre. Les plus dures années de ma vie ». Son chez-soi ? Un taudis au fond d'un jardin. Son quotidien ? De l'alcool et encore de l'alcool. Jusqu'à n'en plus pouvoir. « J'ai pensé à maintes reprises de me suicider. Mais je n'en ai pas eu le courage ». Ivre et de retour à Quimper, Jean-Pierre tombera même dans l'Odet. « À marée basse, heureusement ». Au travail, celui qui est désormais abstinent depuis 29 ans peine à cacher son problème d'addiction. « Je ne pouvais même plus boire le petit café du matin aux côtés des collègues : je tremblais de trop. Et un jour, en arrivant au boulot, j'ai vomi par terre ».
« Ce fut radical »
Alors Jean-Pierre, qui ne voulait plus de cette vie, est allé voir un médecin. « Il m'a conseillé d'aller voir les anciens buveurs : les Alcooliques Anonymes ». Pourtant, ces abstinents « me sortaient par les yeux : je pensais qu'ils étaient tristes et qu'ils avaient une vie fade ». Mais il y est allé quand même. « Bourré », précise-t-il. C'était en novembre 1987. Il y a tout juste 29 ans. « Et au bout de la deuxième réunion, j'ai tout arrêté », s'étonne-t-il encore. « Ce fut radical ». Aujourd'hui, Jean-Pierre assiste toujours aux réunions. Il est là pour écouter les autres. Les conseiller. Les encourager dans leur quête du rétablissement. En rappelant que tout est possible. Toujours.