"Un vendredi soir chez les Alcooliques Anonymes"

Publié le par kreizker

in "Le Télégramme" (France), 2 décembre 2019

Le groupe des AA de Guingamp fait partie des dix groupes costarmoricains et des 44 de Bretagne

Le groupe des AA de Guingamp fait partie des dix groupes costarmoricains et des 44 de Bretagne

Tous les vendredis soir, le groupe guingampais des Alcooliques Anonymes se retrouve dans une petite salle de la communauté religieuse de Kerprat. Un rituel pour nombre d’entre eux, souvent abstinents depuis de longues années.

 

« Bonjour, je m’appelle Monique et je suis alcoolique. Aujourd’hui, je n’ai pas bu et je n’ai pas envie de boire. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. » 19 h 45, vendredi soir, dans une petite salle de la communauté religieuse de Kerprat, à Ploumagoar. La réunion hebdomadaire des Alcooliques Anonymes (AA) vient de débuter. Sur la table, il y a du café et des bonbons mous. Assis tout autour, ils sont dix : quatre femmes et six hommes.

 

Ici, il y a quelques règles : ne pas parler de politique, ni de religion et, surtout, ne jamais interrompre celui qui parle. Alors Monique poursuit, en s’adressant à ses « amis » : « Quand j’entends vos histoires, j’écoute à chaque fois un bout de la mienne ». Sa rencontre avec les AA date du 16 novembre 1988. « Je faisais 120 kg, j’avais 24 de tension et dans ma tête, c’était l’horreur. Mais je me suis vite rendu compte que ça marchait, ces réunions. Alors, j’ai fait le tour de la Bretagne. Dès que je ne travaillais pas, j’y allais. »

 

Une maladie dont on ne peut pas guérir

 

Comme Monique, ils sont quelques-uns, ce vendredi soir, à être des habitués des réunions des AA. Tous sont pourtant sortis de « cette maladie de la honte ». Mais ils continuent de venir aux réunions. « C’est une maladie dont on ne peut pas guérir. On peut simplement la stabiliser. Il faut réussir à admettre que l’alcool est plus fort que nous. Si on boit la première gorgée, ça enclenche la machine », expose Laurent. Abstinent depuis vingt ans, lui a commencé à reprendre le contrôle de sa vie lorsque sa fille a remplacé, par de l’eau, l’alcool transparent qu’il avait l’habitude de cacher.

 

Pour Jean, le déclic, ce fut sa candidature écartée à un travail. « L’employeur m’a dit qu’il n’avait pas l’habitude de confier un poste à responsabilité à quelqu’un qui buvait. Ça a été une révélation parce que personne ne me l’avait dit en face. Le meilleur service à rendre à un alcoolique, c’est de lui dire », estime cet ancien du groupe de Guingamp, fondé en 1986, à une époque où il n’y en avait que deux dans le département (aujourd’hui, il y en dix dans les Côtes-d’Armor et 44 sur toute la Bretagne).

 

« L’impression de faire partie d’un groupe »

 

Assise face à lui, Valérie raconte, elle, les drames de sa vie : la perte de deux de ses cinq enfants, la dépression, sa vie « foutue », l’alcool. Mais aussi comment elle a essayé de se relever, en se cassant la figure, pour finalement réussir à s’accrocher et à revenir, « pour mes enfants et pour moi. C’est ma huitième année sans alcool. Et rien que ça, c’est déjà une victoire », conclut-elle avant que Ghislaine prenne la parole à son tour.

« Ça fait six mois et demi que je n’ai pas bu et c’est formidable. Vous me rendez tous service. J’ai l’impression de faire partie d’un groupe, expose la dernière arrivée, un sourire timide aux lèvres : « Je n’aime pas les périodes des fêtes qui arrivent. Pour moi, c’est une période à risque. Alors, vous allez me voir plus souvent, parce que je vais être assidue aux réunions ».

Publié dans AA Bretagne

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