"Quand les AA et les Narcotiques Anonymes se tournent vers le virtuel"
Radio-Canada, 10 Janvier 2022
Les restrictions sanitaires mises en place depuis le début de la pandémie ont poussé les associations de soutien aux personnes vivant avec des problèmes de consommation à se tourner de plus en plus vers les réunions de groupe en ligne. Une nouvelle réalité qui fait les joies et les peines de ces organisations.
"C'est une question de survie", affirme Alain, coordonnateur des relations publiques régionales pour les Narcotiques Anonymes, qui ne pèse pas ses mots pour parler de l’importance cruciale qu’ont les rencontres de soutien pour toutes les personnes aux prises avec un problème de dépendance.
Dès le début de la pandémie, de nombreuses associations ont dû se retrousser les manches pour continuer d’offrir des services de soutien à leurs membres, d’une façon ou d’une autre.
Si les réunions en personne des Alcooliques Anonymes se sont faites plus rares avec les va-et-vient des mesures sanitaires, plusieurs membres se sont tournés vers les rencontres téléphoniques ou virtuelles.
Radio-Canada a accepté de ne pas dévoiler l'identité des membres des AA et des NA, respectant leurs principes prônant l’anonymat.
Mais la solution du virtuel n'est toutefois pas accessible à tous, notamment à certaines personnes plus âgées et aux membres qui habitent des zones sans réseau Internet, déplore-t-elle.
« La solidarité est toujours là. Par contre, notre plus grand ennemi, c’est l’isolement. »
L'association des Narcotiques Anonymes tient entre 240 et 280 réunions par semaine dans la province, entre autres à Rimouski, Mont-Joli, Paspébiac, Gaspé, Matane, Sept-Îles, Mani-Utenam et Port-Cartier. Les Narcotiques Anonymes et les Alcooliques Anonymes comptent plusieurs centaines de membres dans l’Est-du-Québec.
Les séances virtuelles sont ainsi devenues monnaie courante, permettant d'abolir les distances et d'offrir beaucoup plus de possibilités de soutien pour les personnes dans le besoin, partout sur le territoire. Alain cite en exemple les personnes isolées, mais aussi les mères et les pères monoparentaux et les personnes qui sont sur la route, qui peuvent désormais se brancher de n’importe où pour participer à une réunion.
Nous, on veut se rétablir, rester abstinents, et on a besoin de notre réseau et de nos ressources. Donc l’importance de nos réunions, de socialiser avec des gens qui vivent les mêmes réalités que nous, qui ont les mêmes enjeux au niveau du rétablissement… ça a une valeur thérapeutique, il n’y a rien qui égale cette approche-là, ajoute le membre porte-parole des Narcotiques Anonymes.
Une plateforme à développer
Les Alcooliques Anonymes espèrent aussi pouvoir de plus en plus prodiguer des services en ligne.
J’ai quelques témoignages aussi de membres qui se sont greffés à notre association par le virtuel, qui ont vraiment connu les AA comme ça, qui ont cessé de boire et qui accumulent les 24 heures d’abstinence depuis ce temps-là, raconte Paule
« C’est extraordinaire le virtuel pour nous, mais malheureusement, il y en a trop peu qui s’en servent encore. »
À titre d'exemple, les AA comptent 13 groupes de soutien, uniquement à Rimouski. Cinq d'entre eux seulement ont repris leurs rencontres en personne, précise la représentante.
Même si les besoins sont toujours aussi présents pour ces deux associations, celles-ci ne peuvent qualifier l’impact qu’a eu la pandémie sur leurs membres, jusqu’à maintenant.
C’est difficile moralement, d’être isolé. Pour beaucoup, on a perdu des revenus et tout ça, alors les conditions étaient vraiment propices à une rechute. Par contre, comme on dit dans notre association, toutes les raisons sont bonnes pour boire et toutes les raisons sont bonnes pour ne pas boire, conclut Paule.