Seine-et-Marne. 39 ans sans alcool : "Je me détruisais et je faisais du mal autour de moi"

Publié le par kreizker

in "La République de Seine-et-Marne" (France), 9 Juin 2022

Ils étaient venus nombreux pour célébrer ce jour tout à fait particulier pour Michel qui, voici 39 ans, a décidé une bonne fois pour toutes de « poser ce foutu verre ».

Chaque mardi à 20h30, le groupe se réunit au 2e étage du 17, quai des Tanneurs

Chaque mardi à 20h30, le groupe se réunit au 2e étage du 17, quai des Tanneurs

La petite salle du 2e étage du centre communal de la rue des Tanneurs de Nemours (Seine-et-Marne) était pleine à craquer. Certains confient ne pas être venus depuis longtemps. Mais quand ils ont su que Michel célébrait, jour pour jour, ses 39 années sans boire de l’alcool, ils ont fait le déplacement. Parmi eux, deux conjoints d’anciens alcooliques, que l’on appelle les Al-Anon. Les groupes familiaux Al-Anon sont nés aux États-Unis en 1951 et existent en France depuis 1962. Le nom est dérivé des premières syllabes d’Alcooliques Anonymes (AA). Plus de 30.000 groupes Al-Anon et Alateen sont répartis dans 142 pays dans le monde. Leur but est d’aider la famille et les amis de personnes ayant un problème avec l’alcool. C’est un combat de chaque jour. Celui de résister à l’envie de boire de l’alcool, à l’ivresse qui anesthésie dans notre société ou « cette drogue » comme la qualifie les AA, est en vente à chaque coin de rue. Une lutte contre les idées reçues, qui voudraient qu’arrêter de boire soit une simple question de volonté.

 

Le déclic

« C’est un poison, une maladie. J’ai abusé de toutes les drogues possibles et aujourd’hui je suis sobre. Mais le plus dur à arrêter, c’est l’alcool », confie Emmanuel. Ce qui l’a fait tenir, ce sont les e-mails de Michel, sa présence, son soutien indéfectible. Quand on est alcoolique, on dit qu’il y a trois passages obligatoires : l’hôpital, la prison et la morgue. Emmanuel avait déjà coché les deux premières cases, comme d’autres personnes du groupe ce soir.

 

Puis pour tous, s’est produit un déclic. « On en avait marre d’avoir marre, comme disait Huguette, qui est décédée mais qui nous a tous beaucoup soutenus et marqués dans le groupe », témoigne Daniel, qui a mis 8 ans a stopper sa consommation d’alcool. Dans son discours d’introduction, Michel rappelle qu’il est important d’échanger et de communiquer sur ce fléau. Dans les groupes, la parole est libre, l’écoute bienveillante.

Il n’y a plus de regard qui juge et condamne. Le regard des proches qui n’en peuvent plus… Pour Christophe, subsiste cette culpabilité d’avoir fait du mal à ses enfants. « Pour moi, la prière de la sérénité est un repère essentiel et j’ai toujours ressenti cette communauté spirituelle qui nous unit, cette grande écoute parce que c’est tous ensemble que cela fonctionne ».

Destruction et espoir

« Il faut comprendre que je ne buvais pas par plaisir, mais par besoin. C’était mon cerveau qui m’obligeait. Je me détruisais, je me faisais du mal et aussi autour de moi », confie Michel qui reconnaît avoir vu beaucoup trop de décès et de suicides pour une seule vie. Pour lui, l’objectif primordial de ces réunions est de transmettre le message à l’alcoolique qui souffre encore, un message d’espoir. Bien sûr, le déclic peut prendre du temps mais s’il n’y a pas une prise de conscience du problème, il n’y aura malheureusement rien à faire pour une personne dans un déni d’alcoolisme. Le 30 mai 1984, Michel soufflait une première bougie symbolisant une année sans alcool. Il en était arrivé à boire du vinaigre ou de l’alcool à brûler pour combler son manque. Le 31 mai 2022, il a soufflé la même bougie en compagnie d’un groupe qui lui a témoigné toute sa reconnaissance au cours d’une soirée riche en émotions.

Publié dans AA france

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