Un groupe de parole des "Alcooliques Anonymes" s'implante à Menton
in "Nice-Matin" (France), 22 Mai 2023
Ouvertes à toutes les personnes ayant un problème avec l’alcool, les réunions sont gratuites et sans inscription nécessaire.
Le mouvement des Alcooliques Anonymes s’implante à Menton. Sous l’impulsion d’un petit noyau de membres présents dans la commune, un groupe d’entraide a été créé depuis deux mois. Il se rassemble tous les jeudis soir, à partir de 19 heures, dans la salle de l’église du Sacré-Cœur.
Ouvertes à toutes les personnes ayant un problème d’alcool, gratuites et sans inscription, ces réunions consistent à échanger "dans le respect et la bienveillance", résume David (le prénom a été modifié., ndlr), l’un des membres.
"Il a été démontré que le meilleur moyen de se rétablir est de discuter entre un alcoolique et un autre, car on partage souvent quelque chose, détaille-t-il. Même si chacun a sa propre histoire, sa propre expérience, il y a souvent un lien entre celles-ci et c’est ce lien qui a été découvert au moment de fonder le programme des Alcooliques Anonymes".
Lors de ces réunions, chacun est ainsi libre de s’exprimer, d’être écouté…
Une méthode basée sur l’anonymat et le partage
"On s’utilise un peu comme des thérapeutes entre nous, mais en faisant du bien à quelqu’un d’autre, on s’en fait à soi-même. C’est le principe simple de service", reprend David.
Avant de décrire une réunion type: "En général, chaque réunion a un thème autour duquel chaque membre partage son avis, son expérience… Puis on termine en lisant un texte. Comme on voit dans les films en fait!"
Concrètement, la méthode de rétablissement des Alcooliques Anonymes s’appuie sur douze étapes et douze principes généraux, appelés "traditions", ainsi qu’un système de parrainage entre membres.
"C’est un programme qui a fait ses preuves et qui est aujourd’hui utilisé pour traiter toutes sortes de problèmes comme les troubles alimentaires, l’addiction à la drogue ou aux jeux d’argent…", note David.
L’anonymat, comme façon d’éviter les jugements et d’encourager à la confidence, ainsi que la spiritualité sont aussi des éléments clés du mouvement.
"On croit tous en quelque chose, peu importe comment on l’appelle ou le définit", précise David.
Un combat difficile
Enfin, la guérison, chez les Alcooliques Anonymes, passe par l’abstinence totale. "Ce qui est parfois mal compris par les membres, pour qui c’est difficile d’imaginer comment ils vont vivre sans alcool", poursuit David, qui a entretenu un rapport "malsain" avec l’alcool pendant plus de cinq ans.
"Le fait est que ce genre de relation avec l’alcool, ça se termine forcément mal. J’ai trouvé mon bas-fond, et je me suis rendu dans un groupe", raconte-t-il.
"Trouver son bas-fond", c’est le terme qu’emploie David pour décider quand franchir le cap de passer la porte d’une réunion.
"L’alcoolisme est considéré comme une maladie progressive. On peut avoir une relation normale avec l’alcool pendant un certain temps, et à un moment, ça se retourne contre soi. Normalement, on arrive dans un groupe d’Alcooliques Anonymes lorsqu’on n’a plus rien à perdre, qu’on a touché le fond et qu’on a ce petit moment de lucidité où l’on comprend que ça ne va plus du tout, développe-t-il. Ce bas-fond peut être différent pour chacun d’entre nous. On n’est pas obligé d’avoir tout perdu. Certains seront passés par des centres d’addictologie, d’autres par la prison, d’autres non… Quoi qu’il en soit, la première étape est d’admettre qu’on a un problème."
Savoir+
Une réunion a lieu tous les jeudis soir, à 19 heures, dans la salle de l’église du Sacré-Cœur, au 15 avenue Édouard VII.
Plus d’informations au 09.69.39.40.20 ou sur www.alcooliques-anonymes.fr/reunions/menton-sacre-coeur/
Il ne faut pas croire que l’alcoolisme est une faiblesse
Abstinent depuis 10 ans cette année, David, lui, vit aujourd’hui très bien sans alcool.
"Ça ne me manque pas du tout. On voit la vie différemment, avec une base moins égoïste, livre-t-il. Quand on arrive, il y a de la confusion, on ne comprend plus rien, on est anéanti. On est souvent à un stade où on se dit que ça ne sert plus à rien. On est vraiment vulnérable. L’envie de boire à ce moment-là est moins forte, mais elle est toujours là. Puis on arrive, grâce au travail des 12 étapes, à déterminer quel défaut en nous fait qu’on est comme ça. Ce qui permet de lâcher-prise et de comprendre qu’on n’a pas besoin de béquilles. Ensuite, il faut continuer, garder l’équilibre."
L’entourage, un essentiel
L’entourage est aussi essentiel dans le parcours de rétablissement. "Il ne faut pas croire que l’alcoolisme est une faiblesse. Personne n’est épargné", rappelle David.
"Mais le comportement d’une personne qui lutte contre l’alcoolisme est dur à comprendre pour ses proches. Souvent, ça déchire des familles, cela peut avoir des conséquences très lourdes, très tristes. Toutes les conversations autour de ce sujet sont compliquées, y compris pour nous dans le groupe lorsqu’un membre rechute. Il faut toujours de la bienveillance", décrit-il.
Rappelant qu’il existe également des groupes de soutien pour les proches concernés qui souhaiteraient s’informer et s’entraider.