FRANCE Alcooliques Anonymes®
Témoignage d'une amie des Groupes de Morlaix/Landivisiau
Voici mon histoire, je m’appelle Gladys, j’ai connu le pensionnat à neuf ans, je n’y étais pas préparée, l’établissement a demandé à mes parents de me reprendre. A quinze ans, ils m’ont envoyé voir un psychiatre, je ne sais toujours pas pourquoi, les médicaments m’ont assommée sans soulager mon mal-être. Comme certaines adolescentes, j’ai bu pour vaincre ma timidité. A mes dix-neuf ans mon père s’est suicidé, le lendemain j’ai commencé à boire sans réserve.
« Pas d’alcoolique chez nous ! » il s’en est suivi une multitude d’hospitalisations en psychiatrie, dans ce milieu maniéré, il est plus noble d’être malade mentalement, qu’alcoolique.
De mes dix-neuf ans à mes quarante-sept ans, sept ans sans consommation d’alcool, durant lesquelles je me suis consacrée aux soins de ma mère, et pendant ces années un membre de ma famille n’a eu de cesse de me proposer de l’alcool.
Les vingt et unes autres années, sous médicaments, sismothérapie, scarification, achats compulsifs, anorexie, tentatives de suicides, alcoolisation. Je pourrais écrire un guide Michelin des centres psychiatrique et d’addictologie.
En 1998 je m’étais présentée au groupe Alcooliques Anonymes de Morlaix, je n’étais pas prête et ils n’avaient pas mis en place un accueil des nouveaux.
A l’été 2020 seule et perdue, j’avais décidé de mettre fin à ma vie. Je me suis souvenue des conseils de ma doctoresse qui m’avait remis le numéro des Alcooliques Anonymes.
Le 10 Août 2020, allongée sur mon lit avec ma seule amie, la bouteille de whisky, j’ai décidé de suivre les conseils de cette merveilleuse doctoresse à qui je dois la vie : appeler les Alcooliques Anonymes de Morlaix. L’après-midi deux membres sont venues, et m’ont amené les jours suivants en réunions.
Je leur en ai fait voir ainsi qu’à leurs familles, ils m’avaient prévenu que si je n’arrêtais de boire, j’aurais les pompiers chez moi, c’est arrivé.
J’ai fait des déliriums trémens, j’ai touché mon bas-fond, il me fallait choisir entre l’alcool et la vie.
Malgré de nombreuses rechutes, j’ai toujours participé aux réunions, même en visio lorsque j’étais hospitalisée. Tous les jours je suis au téléphone avec ma marraine, j’ai appris à ne plus être axée sur moi. Je m’occupe de mon intérieur, je prends soin de moi, je passe les fêtes avec mes amis, je vais avec des membres AA rencontrer des personnes qui nous demande de l’aide.
Aujourd’hui sans consommation d’alcool depuis plusieurs mois, je vis mon abstinence 24 heures à la fois, j’accompagne une jeune maman dans ses débuts d’abstinence, c’est une raison d’être pour moi. Je suis heureuse de vivre entourée de personnes sincères, qui m’ont aidé et ne me demandent rien en échange de leur amitié, j’ai trouvé un sens à ma vie.
Je ne risque plus rien, tant que je ne touche pas la première goutte du premier verre.
Groupe AA de Morlaix fondé le 23 Mars 1988