Avant leur congrès à Francorchamps, des Alcooliques Anonymes témoignent de leur lutte contre le fléau de l’alcool : « Je buvais deux à trois litres de péket par jour »

Publié le par kreizker

in "Sud Info" (Belgique), 24 Octobre 2023

Quand on tombe dans la dépendance à l’alcool, c’est très dur de remonter la pente. Mais en se battant pour le faire, les Alcooliques Anonymes nouent des liens solides dont ils témoigneront ce samedi à Francorchamps, lors d’un congrès. En Belgique francophone, ils sont environ 4.000, répartis en environ 200 groupes. Témoignage de deux Verviétois qui sont tombés dans l’alcoolisme… et en sont sortis.

Avant leur congrès à Francorchamps, des Alcooliques Anonymes témoignent de leur lutte contre le fléau de l’alcool : « Je buvais deux à trois litres de péket par jour »

« De rechute en rechute, j’ai compris que si je continuais à boire, j’allais crever. L’alcool était devenu ma prison ». Ce Verviétois raconte avoir multiplié les cures, les visites chez le psychiatre et les hospitalisations depuis 2011, allait emporter un de ses frères, lui valoir un désastre familial, la perte de son emploi…

« J’étais en train de me suicider. Je n’avais plus personne autour de moi. J’avais envie de sauver ma peau. J’étais jaune des pieds à la tête », en raison de la cirrhose du foie qui le rongeait. Jusqu’au jour où il s’est résolu à ne plus lutter seul, à armes inégales avec l’alcool. Il a alors poussé la porte des Alcooliques Anonymes (AA). « J’y ai trouvé des gens qui me comprenaient, qui avaient vécu des choses identiques, des amis, une nouvelle famille. »

Lui et de nombreux autres alcooliques se réuniront en congrès ce week-end, sur le site du circuit de Francorchamps. « Notre seule raison d’être est de partager notre expérience, notre espoir et notre force » affirme Thierry. Il en sait quelque chose : il a passé une dizaine d’années à tenter de boire moins, mais retombait toujours dans la dépendance. Jusqu’à pousser la porte des AA. Il avait fait le test de l’OMS. Une douzaine de questions, auxquelles répondre par oui ou non. Avec 7 ou 8, il pensait être dans le bon. Mais 2 « oui » suffisaient à poser le diagnostic, dramatique.

« J’étais en train de me suicider. Je n’avais plus personne autour de moi »

Un Verviétois membre des A.A.

Les AA, c’est une association internationale discrète, mais qui fait un bien fou à des millions de personnes de par le monde, dont environ 4.000 rien qu’en Belgique francophone. Aujourd’hui, on compte 129.790 groupes AA dans 180 pays, dont 200 en Belgique francophone. Leur effectif oscille entre 10 et 20 personnes. De l’ado au senior, avec un tiers dans la tranche 40-50 et 60 % d’hommes.

Ils sont indépendants de tout, refusent tout subside, ne se mêlent d’aucune polémique ayant trait à l’alcool. Leur cheval de bataille, c’est l’écoute et l’entraide dans une épreuve qui se renouvelle chaque jour pour celui qui est tombé de manière sournoise dans une dépendance difficile à avouer et surtout à combattre au quotidien. Un combat qu’on mène de manière anonyme, mais dont veulent témoigner ceux qui montent au créneau contre ses ravages. « Vingt-quatre heures à la fois », souligne Jennifer, présidente de la section liégeoise des AA. Car contre l’alcool, chaque jour est un nouveau défi.

Thierry explique que « s’il est possible d’en arriver à une abstinence physique en une dizaine de jours, la dépendance psychologique, elle, ne disparaît jamais. C’est un phénomène évolutif et irréversible ». Car reprendre ne serait-ce qu’un seul verre peut produire la rechute. Face à ce fléau, la personne qui a décidé de ne pas abdiquer n’est pas seule : « Notre base, ce sont les réunions. Une par semaine, parfois deux. Nous sommes les seuls à pouvoir se comprendre, dit-on. Quand on parle entre nous, on se comprend. »

« Les AA m’ont sauvé la vie »

Une Verviétoise tient aussi à témoigner de la déchéance qu’elle a connue. « L’alcool m’a menée en chaise roulante plus d’un an, à cause d’une polyneuropathie d’origine alcoolique. Je buvais deux à trois litres de péket par jour ». Jusqu’au jour où elle tremblait tellement en montant la tirette du manteau de sa fillette qu’elle a lu de la terreur dans le regard de la petite. Cela a été un choc, le « magic moment » qui lui a permis de sortir de la crise. Le contact a alors été établi avec les A.A. et, affirme la Verviétoise, « ils m’ont sauvé la vie ».

Et depuis trente ans, elle se bat à leurs côtés. Pour leur faire connaître le « magic moment », celui où on se dit : « ça suffit ».

 

Avant leur congrès à Francorchamps, des Alcooliques Anonymes témoignent de leur lutte contre le fléau de l’alcool : « Je buvais deux à trois litres de péket par jour »

Publié dans AA Belgique

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