"On ne cherche pas à rendre tout le monde sobre, on n’est pas prosélytes": comment la pression sociale autour de l’alcool est perçue par des Alcooliques Anonymes ?

Publié le par kreizker

in "Nice-Matin" (France), 24 Juin 2024

Corinne et Dominique font partie des Alcooliques Anonymes sur la Côte d’Azur. Ils ont accepté de livrer leur regard et de s’exprimer par rapport à leur vécu, leur expérience et leur cheminement au sujet de la pression sociale autour de la consommation d’alcool.

"J’ai vécu le meilleur réveillon de ma vie avec des Alcooliques Anonymes", indique Dominique, abstinent depuis 29 ans.

"J’ai vécu le meilleur réveillon de ma vie avec des Alcooliques Anonymes", indique Dominique, abstinent depuis 29 ans.

"Je suis tombé très bas, alors j’ai été radical: j’ai coupé les ponts avec les gens qui boivent", résume Dominique, membre des Alcooliques Anonymes (AA) sur la Côte d’Azur. Il est abstinent depuis 29 ans. À ses côtés, Corinne, AA également, abstinente depuis 16 ans. "Ma famille est composée de très bons vivants. Cela ne me dérange pas de participer aux fêtes, j’ai toujours ma bouteille d’eau pétillante à côté de moi, c’est prévu." Pas question de faire du prosélytisme: "On ne reproche à personne de boire de l’alcool. On ne cherche pas à empêcher les gens de consommer. Mais nous ne sommes pas égaux face à l’addiction: il y a des gens qui ne seront jamais malades, cela n’a pas été notre cas."

"J’ai mon café noisette, mes amis boivent ce qu’ils veulent!"

Mais comment vivre dans une société où l’alcool reste omniprésent? Comment aller faire ses courses au supermarché où les publicités vantant les apéritifs à l’heure de l’Euro de foot sont placardées? "

Au début, on apprend à éviter consciencieusement les rayons", sourit Dominique, 74 ans. "Au rez-de-chaussée de mon immeuble se trouve un bar. J’y ai passé… beaucoup de temps", souffle Corinne qui reconnaît avoir changé de trottoir durant de longs mois pour regagner son domicile.

Aujourd’hui elle peut s’y attabler: "On me sert mon café noisette, mes amis sont au pastis, à la bière, à ce qu’ils veulent, cela m’est égal." Une cohabitation rendue possible grâce au cheminement que chacun continue de mener à travers le programme des AA où il est question de "s’aider soi-même" en pouvant compter sur le soutien d’une marraine, d’un parrain. "

On ne présente pas l’abstinence comme une victoire. Car rien n’est gagné, jamais." Un jour après l’autre, une journée à la fois: voilà le mantra avec la sobriété comme délivrance. Un parcours qui valorise la remise en question constante de soi: "Reconnaître ses torts fait partie du parcours. Les valeurs peuvent être mises en application dans tous les domaines du quotidien."

"Nos fêtes sont tout sauf tristes!"

Alors entendre Artus être traité de "chiant" à la télévision par Léa Salamé après avoir déclaré qu’il ne buvait plus, cela heurte, évidemment. Du genre cash, Dominique relève: "Ça me fait penser à ma femme qui m’a dit que j’étais plus rigolo avant quand je buvais… Sauf qu’en disant ça, elle a oublié de dire que je lui tapais dessus. Plus rigolo, je ne suis pas certain…"

Cosmétique ou non, le slogan "sans alcool, la fête est plus folle" ? "J’ai passé le meilleur réveillon de ma vie avec des AA", indique cet ancien de la Légion étrangère, rejoint par Corinne: "Il faut voir nos fêtes, elles sont tout sauf tristes!" Un nouveau mode de vie où justement il est question de… vie.

Publié dans AA france

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