"C’est grâce à Al-Anon que je me suis rétabli : à Cannes, cette association vient en aide à l'entourage des personnes alcooliques

Publié le par kreizker

in "Nice-Matin" (France), 18 Juillet 2024

 

L’association issue des Alcooliques Anonymes œuvre au bien-être de l’entourage des personnes alcooliques, en proposant des réunions anonymes à Cannes où chacun partage son expérience.

 

"C’est grâce à Al-Anon que je me suis rétabli : à Cannes, cette association vient en aide à l'entourage des personnes alcooliques

"Pour une personne qui boit, cinq personnes trinquent": ce slogan, c’est celui de la nouvelle campagne d’Al-Anon (1), dans l’espoir de faire connaître au plus grand nombre cette association, qui prend en charge l’entourage des personnes alcooliques.

Car si les dommages sur une personne alcoolique sont connus, ceux sur les familles et les amis le sont moins. Margaret – "adulte enfant d’alcoolique" –, et Claire – qui a été "séquestrée et battue" par son fiancé alcoolique –, et membres Al-Anon depuis un certain temps (plus de 10 ans!), nous parlent de l’association.

 

Comment avez-vous connu Al-Anon et pourquoi participez-vous toujours aux réunions?

Moi, Claire, c’est grâce à Al-Anon que je me suis rétablie et que je peux dire aujourd’hui que je vais bien. Mais je sais aussi que je dois continuer à venir, pour continuer à être bien et pour transmettre le message aux nouveaux qui arrivent, pour pouvoir témoigner de mon parcours. Je suis toujours à Al-Anon parce qu’ils m’ont sauvé la vie. Sinon je me serais laissé tuer, ou j’aurais fini en psychiatrie. C’est par gratitude que je suis présente régulièrement pour accueillir les nouveaux venus et leur transmettre mon expérience.

 

Comment se passent les réunions? Comment y participer?

On est à la maison des associations, à Cannes, autour d’une table. On se présente, on s’appelle par nos prénoms. Il n’y a que des personnes qui viennent là pour se rétablir, pas de psychologues.

Nos réunions sont cadrées par un programme, qui est un programme en douze étapes. Douze traditions et concepts inspirés du programme des Alcooliques Anonymes, qui a été adapté. Chacun témoigne en son nom. On est dans l’écoute, on est vraiment dans l’entraide.

Il n’y a pas d’adhésion ni cotisation. Chacun donne ce qu’il peut à la fin de la réunion, pour payer la location de la salle à la mairie, c’est tout.

Quel est l’impact de l’alcoolisme sur l’entourage de la personne malade?

 

Les dégâts sont très très importants, d’ordre psychologique et émotionnel. À Al-Anon, on apprend que c’est un mal familial, ce n’est pas une simple maladie. Il y a une insécurité affective totale pour les enfants, quand ils sont dans un foyer où il y a de l’alcool. Ils sont délaissés totalement, les parents sont dans la maladie, dans leur monde. Il y a des enfants qui passent toute la soirée sous leurs lits à se cacher parce qu’ils entendent crier, hurler…

Et la violence psychique, quand on est un enfant, c’est de ne pas avoir d’adultes responsables autour de soi. Le malade ne paie plus les factures, tout l’argent passe dans l’alcool. Il promet des choses qu’il ne fait jamais, il fuit complètement ses responsabilités. Les enfants sont laissés livrés à eux-mêmes, deviennent les parents de leurs parents.

Avec quelle conséquence sur les enfants, devenus adultes?

C’est une maladie intergénérationnelle. Ils seront automatiquement dysfonctionnels, d’une façon ou d’une autre. Même s’ils ne développent pas d’addiction à un produit, ils vont développer d’autres comportements dysfonctionnels. La peur de l’abandon, par exemple… Il y en a qui deviennent boulimiques, d’autres anorexiques, d’autres qui font des achats compulsifs…

Qu’est-ce que vous dites aux personnes qui n’osent pas franchir le pas pour assister aux réunions Al-Anon?

Nous, on ne fait pas la réclame, c’est un de nos principes fondateurs. On vient à Al-Anon quand on n’en peut plus. Si on vient juste en touriste, ça ne va pas marcher. Il faut vraiment en avoir marre d’en avoir marre. Il faut avoir une bonne dose de souffrance pour rechercher de l’aide. Il faut avoir l’envie de guérir. Comprendre qu’on n’est pas là pour guérir l’autre mais pour se soigner soi-même. Al-Anon nous apprend comment nous comporter face à cette maladie. On croit que, par amour, l’autre va changer, or l’autre ne change pas. La seule personne qu’on peut changer c’est nous-même.


1. Al-Anon est une association internationale. Dans les Alpes-Maritimes, il y a trois antennes: à Cannes, Cros-de-Cagnes et Nice.

 

Réunion tous les lundis, à la maison des associations, 1, avenue des Broussailles.

Tél. 07.68.60.45.90.; alanoncannes@gmx.frwww.al-anon-alateen.fr/

Des réunions se font également en visio, notamment pour les moins de 16 ans (Al-Alateen).

Publié dans ALANON ALATEEN

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