"Les Alcooliques Anonymes toujours à l’écoute"
in "La Voix de l'Est", "Le Soleil", "Le Droit" et "La Tribune" (Québec), 11 août 2024
L'alcoolisme a des conséquences graves pour la personne dépendante, mais touche aussi son entourage.
«J’ai tenté plusieurs méthodes pour arrêter de boire, mais aucune n’a fonctionné, même ma propre volonté. En joignant le programme, j’ai trouvé tout le soutien nécessaire, les connexions humaines pour me mener vers la sobriété», raconte Alain (nom fictif), membre des Alcooliques Anonymes depuis près de 45 ans.
Nous avons rencontré l’homme de 78 ans dans la cafétéria du Cégep de Granby en marge d’un congrès tenu par l’association des Alcooliques Anonymes (AA). Il a accepté de raconter son parcours vers la sobriété. Un pèlerinage marqué par les rechutes, les émotions et les victoires.
«J’ai joint les AA en 1980 et au début ça ne cliquait pas vraiment, mais au bout d’un certain temps, j’ai embarqué dans le programme. J’ai vécu un certain nombre de rechutes. Elles ont duré quelques mois, mais chaque fois, j’étais aussi malheureux que lorsque j’ai cessé pour la toute première fois», a-t-il avoué en entrevue.
Alain n’a pas vécu de rechute depuis cinq ans. Les facteurs génétiques, le stress et le mal de vivre l’ont mené selon lui vers la bouteille. «J’étais gêné à l’école. Pour inviter une fille à danser, je devais prendre un verre. Toutes sortes de différents facteurs.»
Dans les discussions de groupe, chez les AA, il a souvent entendu des gens qui ont commencé à boire dès l’adolescence. Pour sa part, Alain a fait des études universitaires avant de sombrer plus tardivement dans le cercle vicieux de l’alcoolisme. Il a commencé avec un verre, deux, puis une bouteille entière.
L’homme apprend toujours et chaque jour, d’avis que la sobriété est l’œuvre d’une vie. Une bataille quotidienne. Le regroupement lui permet encore de tisser des liens, de partager ses passions et ses connaissances. L’implication et l’entraide font partie de l’ADN du mouvement.
«C’est très important que la personne communique elle-même avec nous. On la rencontre et on l’invite dans nos séances de groupe. Dans les meetings, on retrouve des gens de tous âges et de toutes expériences», a-t-il conclu.
«On y retrouve surtout les yeux allumés et les sourires! Le tout dans l’acceptation, le respect et l’écoute.»
— Alain, membre des Alcooliques Anonymes depuis près de 45 ans
À chacun son histoire
Anthony (autre nom fictif) s’est assis à nos côtés. D’entrée de jeu, il a rappelé que l’anonymat est à la base des traditions d’un regroupement qui place les principes au-dessus des personnalités. Dans la liste des grands principes, on retrouve notamment l’honnêteté, l’humilité et l’intégrité.
Sur le plan plus personnel, l’anonymat permet aux gens de ne pas être reconnus comme des alcooliques. Les membres ne témoignent pas en se vantant d’eux-mêmes, mais en tant que messagers d’un espoir.
Lorsque les principes sont pratiqués comme un mode de vie, ils peuvent chasser l’obsession de l’alcool et permettre à la personne qui en souffre de se rétablir de l’alcoolisme.
— Les Alcooliques Anonymes
Anthony est membre des AA depuis près de 35 ans et accompagne maintenant les nouveaux venus dans leur quête vers l’abstinence. Le parrainage fait parfois remonter les souvenirs de celui qui a adhéré le mouvement à 24 ans.
«Je suis arrivé totalement défait par la vie et j’ai pris de l’alcool pour passer au travers. Je n’ai pas fini mes études secondaires. Les AA m’ont permis de me reconstruire sur tous les fronts, de pratiquer un métier dans l’alimentation pendant 35 ans. Puis, j’ai trouvé ce qui était brisé. Mon estime, mon amour propre», a-t-il témoigné, conscient que rien n’est pourtant acquis.
«La progression n’a pas de fin et c’est pour cette raison que j’aide les nouveaux venus. En partageant notre savoir, on chemine nous-mêmes.»
— Anthony, membre des Alcooliques Anonymes depuis près de 35 ans
Un soutien aux proches
L’alcoolisme ne fait pas dans la discrimination et ne se fie pas à l’éducation, au genre ou à la situation financière. Cette maladie a des conséquences graves pour la personne dépendante, sur sa santé physique notamment, mais touche aussi son entourage.
C’est le cas d’André, le membre d’un organisme affilié aux AA qui vient en aide à la famille et aux proches. Il a joint Al-Anon il y a un an et demi dans le but de trouver l’espoir et de résoudre ses problèmes avec des personnes qui vivent une situation similaire.
«Mon frère est alcoolique, mon père l’a été dans ma jeunesse. Mon conjoint, il est sobre depuis maintenant deux ans. J’ai vécu des expériences malheureuses au cours de ma vie. Grâce à la fraternité, aux lectures et aux rencontres de groupe, j’ai appris à changer mon comportement et mon attitude face à mes proches qui vivent avec la dépendance.»
«J’ai appris c’est quoi l’alcoolisme... une maladie. Une condition qui rend malade jour après jour.»
— André, membre de Al-Anon
Il faut dire que les mœurs ont changé depuis la fondation d’Al-Anon en 1951 et des Alcooliques Anonymes en 1935. Le sujet de l’alcoolisme est moins tabou et les mouvements accueillent toutes les générations.
Vous avez besoin d’aide? Présents aux quatre coins du Québec, les Alcooliques Anonymes et les membres d’Al-Anon savent écouter et accompagner.