"Je ne suis plus seule" : membre des Alcooliques Anonymes à Fougères, elle témoigne
in "La Chronique républicaine" (France), 4 Septembre 2024
Les propos suivants nous ont été transmis par un membre des Alcooliques Anonymes dans le cadre de l’ouverture d’un nouveau groupe à Fougères le 5 septembre prochain.
Le 5 septembre, à 19 h 30, un nouveau groupe des Alcooliques Anonymes (AA) ouvrira ses portes à Fougères (Ille-et-Vilaine).
Les réunions se tiendront chaque jeudi soir dans une annexe de l’église Sainte-Madeleine, située au croisement du boulevard des Déportés et de la rue du Gué-Maheu, en face du centre culturel Juliette-Drouet.
Ce nouveau groupe, nommé « Alcooliques Anonymes : savoir-vivre Fougères », a pour mission d’offrir un espace de partage et de soutien pour les personnes souffrant d’alcoolisme. Une fois par mois, tous les premiers jeudis, une réunion sera ouverte à tous, permettant ainsi aux proches et aux intéressés de mieux comprendre la maladie.
Dans le cadre de l’ouverture de ce nouveau groupe, une habitante du Pays de Fougères a souhaité partager, de manière anonyme, les bienfaits de ces groupes de parole pour trouver son chemin vers la sobriété :
« Tout commence par une vie heureuse. Un mari aimant, une adorable petite fille, une bonne situation. Puis un jour, un stress, des émotions difficiles à gérer, et je prends juste un verre pour m’apaiser, diminuer mes angoisses, me détendre. Je pense que je gère la situation et très vite ma consommation augmente. L’alcool s’installe rapidement dans ma vie. Mon couple explose. Je bois de tout, même des alcools que je déteste mais j’en ai besoin. L’alcool devient ma béquille. Il apaise mes angoisses, le stress. J’oublie mes soucis. Je bois vite car je n’aime pas l’alcool mais j’ai besoin de ses effets. Les réveils pour le travail sont de plus en plus difficiles. C’est dur d’être alcoolique. Mentir, se cacher pour boire, l’angoisse de ne plus avoir de quoi boire, les tremblements, se laver, s’habiller, et la solitude. L’alcool devient très vite mon seul ami. À qui parler ? Qui peut comprendre ? Puis je m’avoue vaincue. Le besoin de boire est trop fort. Je ne peux plus travailler, je ne supporte plus le regard de ma fille quand elle voit que j’ai trop bu. Je pars alors en cure de désintoxication mais pour la famille, on dit que c’est une dépression. Ça fait mieux d’être dépressif qu’alcoolique. Les cures se passent bien, mais quand je rentre à la maison, l’alcool est de nouveau là. Un jour, mon médecin me parle de groupe de parole d’anciens buveurs. Mon orgueil en prend un sale coup. Moi, je ne suis pas alcoolique mais dépressive. Malgré tout, je décide d’aller à cette réunion. Et là, c’est le choc. Je ne vois pas des poivrots mais des hommes et des femmes heureux de se retrouver. Ils respirent la joie de vivre. Alors je pleure et j’écoute. Ils savent ce que je vis. Je ne suis plus seule, incomprise. Et j’attends avec impatience mes réunions du vendredi. Je peux parler, me libérer en sécurité. Je reprends confiance en moi. Quel soulagement. Ma fille viendra même en réunion pour comprendre comment mes nouveaux amis ont réussi à me faire poser le verre. Je n’étais plus dépressive mais alcoolique, enfin parler pour se libérer ».