Une vie heureuse sans alcool
In "L'indépendant" - 4 février 2011
Une vie heureuse sans alcool, c'est possible
Annie a 60 ans et le sourire rayonnant. Il n'en fut pas toujours ainsi. Pendant 34 ans, elle s'est sentie « malheureuse ». « J'étais peureuse, d'une timidité maladive, jalouse. J'ai rencontré l'alcool au tout début de mon mariage et j'ai aimé. Cela me rendait gaie, désinhibée ». Son mari l'abandonne alors qu'elle est enceinte. « Je l'ai remplacé par la bouteille ». Jusqu'à un litre de whisky par jour. Prise de phobies de toutes sortes et de crises d'angoisse, elle consulte un psychiatre et débute une analyse. Le cocktail médicaments-alcool fait illusion un temps. Jusqu'à ce jour où, devant sa petite fille, elle se jette par la fenêtre. « Un coup de folie », dit-elle. Indemne, mais en coma éthylique, elle est hospitalisée en psychiatrie.
Elle accepte alors de rencontrer des serviteurs - c'est ainsi que ses membres se nomment - des Alcooliques anonymes. « C'était fin février 1985. 26 ans de sobriété et de bonheur ». Annie est depuis, un serviteur actif du groupe AA de Perpignan.
La codépendance de l'entourage
Marin, lui, est une victime collatérale de l'alcool. On considère que pour un malade qui boit, ce sont cinq personnes qui souffrent, dans l'entourage familial et/ou professionnel. L'alcool toucherait 25 millions de personnes en France. Marin était le dernier d'une fratrie de sept enfants. Un père alcoolique et violent, navigant entre crises de delirium et cures de désintoxication. « Il tenait deux mois, pendant lesquels c'était un père adorable et puis ça recommençait ». A 24 ans, il épouse une femme épileptique... et alcoolique. Le début de « la codépendance. On s'occupe de l'autre et plus de soi-même, on veut et on croit pouvoir pallier à tout ». En 1994, sa maison brûle. Au propre et au figuré. Commence sa descente aux enfers. Jusqu'à l'hospitalisation à Théza et l'abdication. Là, il rencontre celle qui va devenir sa seconde épouse. « Une malade alcoolique abstinente » qui l'incite à rejoindre un groupe familial d'Al-Anon, qui réunit celles et ceux qui sont affectés par la consommation d'alcool d'une personne de leur entourage. C'était il y a 15 ans. « Al-Anon m'a reconstruit », dit Marin, aujourd'hui président régional.
Parole et spiritualité
Les deux associations fonctionnent selon les mêmes préceptes - des groupes de parole qui se réunissent une fois par semaine - et les mêmes douze étapes, qui ne sont pas sans évoquer les douze stations christiques, tout en se défendant d'être une organisation religieuse et en laissant chaque membre « libre de ses idées et du sens de sa vie ». Ce soir à 20 h 30 à l'annexe-mairie de La Lunette (25 avenue Carsalade-du-Pont), AA fêtera le 35e anniversaire du groupe de Perpignan et Al-Anon, ses 22 ans. Cette réunion est ouverte au public. Des « serviteurs » interviendront sur le thème 'Le groupe d'appartenance, l'importance du groupe'. Et toute personne qui le souhaite pourra prendre la parole.