in "BOX 459" (Vol. 43, n° 3 / Automne 2010)
Dans le Gros Livre, au chapitre « Au secours des
autres », on parle de ce qui peut se produire quand
un membre des AA adopte l’attitude que : « L’aide
aux autres est la pierre angulaire de votre rétablissement
». Aider un ivrogne pourrait signifier : « …
vous présenter plusieurs fois au poste de police, dans
les cliniques, les hôpitaux, les prisons et les centres
de soins psychiatriques… À d’autres occasions, vous
pourriez être dans l’obligation d’avoir recours à la
police ou d’appeler une ambulance. Occasionnellement,
vous ferez face à des situations comme celles-là.
» (Les Alcooliques anonymes, p. 110) En bref, pendant
qu’il construit la fondation de son rétablissement
et du secours aux autres, un membre des AA
pourrait rencontrer un membre turbulent. Dans les
réunions, où les membres des AA rencontrent
d’autres ivrognes à aider, les possibilités dont on a
parlé en portant secours à des ivrognes sont également
présentes et il arrive qu’un membre perturbe
les réunions.
Même si les membres des AA cherchent à adopter
certaines attitudes et comportements, comme
« L’amour et la tolérance envers les autres, voilà notre
code. » (ibid., p. 95), il arrive que les membres trouvent
que le comportement perturbateur d’une personne
soit si violent ou menaçant qu’il devient difficile
ou impossible pour le groupe de réaliser son but
premier qui est de transmettre le message des AA. De
plus, la Première Tradition rappelle au groupe que :
« Chaque membre des Alcooliques anonymes n’est
qu’une infime partie d’un grand tout. Les AA doivent
continuer d’exister sinon la plupart d’entre nous
seront voués à une mort certaine. Notre bien-être
commun doit donc venir en premier lieu. » (Les Douze
Étapes et Les Douze Traditions, p. 216)
La manière dont un groupe traitera les membres
perturbateurs ou menaçants peut entraîner des
conflits et de la controverse ; en conséquence, les
membres se fient à l’expérience de ceux qui ont déjà
réussi dans de telles situations. Souvent, les groupes,
ou des membres d’un groupe, communiquent avec le
Bureau des Services généraux à propos de membres
qui perturbent les réunions des AA. Le BSG, en plus
d’appliquer les Résolutions de notre Conférence et de
notre Conseil, agit aussi comme dépositaire de l’expérience
collective des groupes des AA.
Certains groupes nous ont partagé leurs suggestions
sur la façon de traiter les comportements perturbateurs.
Un groupe suggère qu’un membre commence
d’abord par approcher la personne, de façon
informelle et en privé, pour discuter du problème et
chercher une solution. Ce groupe se rappelle que les
Douze Étapes et les Douze Traditions doivent les guider
dans leurs communications en cherchant à mettre
les principes au-dessus des personnalités et en faisant
preuve de douceur, patience, compassion, tolérance et
amour à l’égard de tous.
Dans un autre exemple, un groupe nous a partagé
comment il traitait les membres qui avaient des comportements
perturbateurs ou menaçants qui ne
répondaient pas à une demande polie ou une
approche individuelle : Le groupe a organisé une
conscience de groupe/réunion d’affaires et avant toute
discussion, il a adopté le format qui suit : 1) Chaque
membre ne peut prendre la parole plus de deux fois
sur le même sujet ; et, 2) Chaque membre doit limiter
à deux minutes chacune de ses interventions. De plus,
le groupe a trouvé utile de définir un membre au
comportement perturbateur ou menaçant comme
toute personne qui perturbe le déroulement harmonieux
de la réunion en empêchant que le message des
AA ne soit transmis. On a aussi défini comme
membre perturbateur ou menaçant toute personne
dont les actions intimident ou effraient les nouveaux
de sorte qu’ils ne peuvent pas écouter le message des
AA. Dans ces circonstances, on demande au membre
perturbateur d’assister à la réunion de conscience de
groupe ou d’affaires. Qu’il, ou elle, soit présent ou
non à la réunion, le groupe discute du problème. S’il
est présent, on explique la procédure au membre perturbateur.
On peut demander au membre perturbateur
de ne pas assister aux réunions pendant une
période de temps déterminée.
Dans ce cas, le membre n’est pas « chassé » des AA,
on ne fait que lui demander de ne pas assister à la
réunion. La Première Tradition nous dit qu’aucun
membre des AA « ne peut en forcer un autre à faire
quoi que ce soit ; personne ne peut être puni ou
exclu. » (Les Douze Étapes et Les Douze Traditions, p.
147) Nous espérons toujours que le membre verra
cette difficulté comme une occasion de croissance personnelle
et qu’il assistera à d’autres réunions dans le
quartier pour demeurer abstinent. Règle générale, ce
genre d’action est entrepris en dernier ressort après
qu’on a demandé à la personne de modifier son comportement.
Bill W., qui a toujours insisté que les membres des
AA devraient toujours faire preuve d’amour, d’aide,
et de tolérance envers les autres, a écrit dans une
lettre de 1969 : « Cette forme de charité ne signifie pas
que nous ne pouvons pas exclure ceux et celles qui
dérangent les réunions ou qui nuisent sérieusement
au fonctionnement du groupe. On peut demander à
ces gens de se calmer ou d’aller ailleurs, ou de revenir
quand ils seront plus en mesure de participer. »
Bill W., lui-même n’était pas étranger au tumulte,
aux controverses ou au trouble dans les réunions des
AA. Il croyait aussi que le trouble pouvait entraîner
une croissance et du bien. Dans Le Mouvement des AA
devient adulte, il écrit : « J’imagine qu’il y aura toujours
des querelles chez les AA. Surtout, à mon avis,
à propos de la façon de faire le plus grand bien pour
le plus grand nombre d’ivrognes… Vaincre de telles
difficultés, à la rude école de la vie chez les AA, est
un sain exercice. » (p. 241)