"Les réunions des Alcooliques Anonymes sont toujours aussi importantes"
Rdio-Canada, 27 avril 2018
Pour écouter le reportage :
Le vendredi à 19 h, au lieu d'aller boire un coup dans un bar ou chez eux, des dizaines de personnes se rassemblent dans un petit local de Boucherville pour la réunion des Alcooliques Anonymes (AA). Hugo Lavoie a assisté aux préparatifs de celle-ci.
« Bonjour, mon nom est Sylvie et je suis une alcoolique. » C’est comme ça que les gens se présentent à la réunion des AA.
Il n’y a aucun jugement lors de ces réunions, seulement du soutien. « À ma première réunion, je ne m’étais pas lavé depuis plusieurs jours, je n’étais pas rasé et on m’a accueilli comme si de rien n’était », confie Guy.
Dans une autre vie, Sylvie pensait à son vendredi soir dès le mardi d’avant. « C’était une obsession », explique-t-elle.
Jean, lui, était sous l’influence de l’alcool tous les jours de la semaine, mais surtout le vendredi. « On savait qu’on n’avait pas à se lever pour aller travailler le lendemain », souligne-t-il.
Leur première réunion n’a pas été facile. « J’avais honte », avoue Jean. « Faire ce premier pas, c’est admettre que tu as un problème. Tu ne pouvais plus vivre dans le déni », ajoute Sylvie.
Pour elle, pas question d’arrêter les réunions, même si elle est sobre depuis plus de 29 ans. « J’ai encore besoin, après toutes ces années, qu’on soit content de me voir et de me sentir utile. »
Aider les autres alcooliques, c’est une façon très efficace de ne pas rechuter.
"La parole pour vivre l’alcoolisme d’un proche"
in "La Nouvelle République" (France), 27 avril 2018
Le groupe Al-Anon a fêté ses neuf ans d’existence à Romorantin, mercredi. Une fraternité utile pour l’entourage des alcooliques.
Une petite dizaine de membres réunis autour de la table. « J’ai vu dans cette salle des gens changer en mieux, le groupe est porteur », raconte une des fondatrices. Al-Anon, nom dérivé des premières syllabes d’Alcooliques Anonymes, fonctionne sur le même concept des AA ou narcotiques anonymes avec une succession d’étapes à accomplir. La première des douze étapes est d’avouer son impuissance face à l’alcool. « Quand on vit avec un alcoolique, on veut tout contrôler, on veut empêcher son mari de boire, on cherche les bouteilles, c’est une angoisse… Ici, j’ai appris à vivre et laisser vivre. »
Pas de solution miracleAutour d’un café ou d’un thé, les participants témoignent, partagent leur expérience. Avec le sacro-saint principe de l’anonymat. « Parler c’est rompre l’isolement de la maladie, c’est salvateur. Les autres ont souffert et ont vécu les mêmes choses que nous. Il n’y a pas mieux comme interlocuteur qu’une personne touchée par la maladie. »
Les réunions sont des points de repères dans le quotidien pour ces proches d’alcooliques. « Le groupe a été ma bouée, ma bulle d’oxygène, sans elle je me serais noyée. J’arrive parfois fatiguée en réunion, mais je repars toujours avec des valises d’énergie. »
Si les membres de la fraternité ont une approche spirituelle, il n’y a pas de solution miracle. « Les nouveaux pensent venir chercher des clés ou des solutions pour changer la personne malade. Mais il faut d’abord se recentrer sur soi », explique une participante. « Le programme m’a permis de me regarder en face, si je suis avec une personne malade, c’est que j’avais aussi besoin d’aide, j’ai pris conscience que j’étais aussi malade des émotions. Il faut apprendre à penser d’abord à soi, ce n’est pas facile à entendre, mais pourtant la méthode marche. »
Le groupe se réunit tous les premiers mardis de chaque mois à Valençay (Indre), à la maison de retraite du Nahon, et les 2e, 3e et 4e mercredis de chaque mois à Romorantin, 32, place de la Paix.