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"Le défi de ne plus boire"

Publié le par kreizker

in "La Tribune" (Québec), 1° Mars 2019

Il y a bientôt 34 ans, Jean en a eu assez. Père d’un enfant de deux ans, celui qui n’avait pas d’emploi — et qui ne s’en cherchait pas — buvait toute la journée. Il a donc décidé d’aller voir les Alcooliques Anonymes et n’a plus touché à une seule bouteille depuis.
 

« Ça n’avait plus de bon sens, se rappelle Jean. Je n’étais plus normal. C’était la boisson qui me motivait. Je n’étais plus responsable, j’étais sur le chômage. Je devais remettre de l’ordre dans ma vie. J’ai adhéré aux AA tranquillement. »

« Ça faisait longtemps que je pensais à arrêter, poursuit-il. J’étais marié et j’avais l’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Je n’étais plus du monde. Tout ce que je faisais, c’est que j’allais au bar et je consommais toute la journée. Je n’avais pas d’ouvrage et je n’en cherchais pas »

Au cours des années, l’ex-alcoolique a développé quelques trucs. « Maintenant, je sais que c’est une soif physique, donc je me cale un bon verre d’eau. Ça fait longtemps que je n’ai plus d’obsession. J’ai plus souvent envie de fumer, même si ça fait 14 ans que je ne fume plus! Mais en 15 secondes, c’est passé. La boisson n’est plus un problème pour moi », affirme-t-il.

Encore aujourd’hui, Jean vit sa sobriété une journée à la fois. « Aujourd’hui, c’est moins grave. Avant, je n’allais pas chez quelqu’un s’il n’avait pas d’alcool, c’était un peu comme une drogue. Le défi était de changer d’amis, de changer de mode de vie », décrit celui qui disait régulièrement qu’il n’atteindrait jamais l’âge des 30 ans s’il ne changeait pas cette mauvaise habitude.

Jean est maintenant heureux. Celui-ci a une conjointe, se cherche un emploi et, surtout, ne consomme plus. « La vie est belle, j’ai mon toit sur la tête, mon char et une blonde qui m’aime. Si je me mettais à boire, je perdrais tout ça. Je pourrais même perdre ma famille ou le plus important, perdre ma vie », indique-t-il, avouant qu’il était au point de penser au suicide lorsqu’il a cessé de boire.

Que pense-t-il du mois sans alcool? « Je suis pour ça, mais c’est un défi plus que d’autre chose. La boisson est faite pour le monde et je ne suis pas du monde! Je ne suis pas capable de boire raisonnablement. C’est sûr que j’encourage toutes manières d’arrêter de boire, mais après 28 jours, quelqu’un qui a un problème va aller en virer toute une. Ça donne un break à l’estomac et au foie », considère-t-il.

Rechute

Fanny, elle, avait passé deux mois sans toucher à une goutte d’alcool. Après une rechute, la jeune femme a de nouveau cessé sa consommation. « Ça fait trois jours que j’ai recommencé une démarche pour ne plus boire. J’ai réalisé que, lorsque je ne suis pas à jeun, je ne pense pas rationnellement et je perds mes buts de vue. Je veux être fidèle à moi-même et à mes valeurs », avoue Fanny, qui a également cessé de consommer du cannabis.

« Ça affecte mes relations interpersonnelles avec mes amis, mes parents et mon chum, poursuit-elle. Je n’aime pas mon attitude lorsque je ne suis pas à jeun. Je ne veux pas décevoir mes proches ni me décevoir. »

Cette fois, Fanny tentera de ne plus rien consommer. « La première fois que j’ai essayé d’arrêter l’alcool, je compensais avec le pot. Je pense que c’est l’alcool le plus dur, je suis moins dépendante au pot. »

Quoi qu’elle se donne comme objectif de ne pas boire au jour le jour, son défi est de battre son précédent record. « C’est un gros défi pour moi, surtout dans mon entourage. Il y a beaucoup de consommateurs et d’occasions de consommer. J’ai déjà arrêté deux mois et ça a été difficile. J’ai recommencé peu à peu à boire de manière sociale ou toute seule chez moi », explique-t-elle.

Pourquoi a-t-elle rechuté? « Je n’étais pas assez décidée. Je me suis dit “une ou deux consommations, c’est correct”. J’ai lu le nouveau livre de Éliane Gagnon et je réalise que pour que ça fonctionne, c’est zéro. Le problème est ancré en moi. Le plus long que je vais être capable, le mieux ça va être », mentionne celle qui était rarement capable de se limiter à une seule consommation lors d’une soirée.

Pour la suite, Fanny entrera en contact avec des gens qui ont cessé de boire. En plus d’être suivie par le Centre de réadaptation aux dépendances, celle qui suit actuellement des cours au cégep à distance essaie plusieurs alternatives à l’alcool. « J’ai essayé la bière sans alcool, mais je me demande si c’est la bonne façon. J’aime bien le Kombucha, qui est un bon remplaçant. Je bois plus de thé. Je diversifie mes boissons », affirme-t-elle, sentant qu’elle est dans la bonne voie.

Publié dans AA Québec

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