Incapables de se rencontrer en personne, certains membres des AA «remercient Zoom pour leur survie même».
in "News-24", 30 Novembre 2020
Leurs réunions se déroulaient discrètement dans les sous-sols des églises, une pièce d’amis au YMCA, au fond d’un café. Mais lorsque la pandémie a frappé le printemps dernier, les membres des Alcooliques Anonymes et d’autres groupes de toxicomanes en convalescence ont trouvé ces portes rapidement fermées.
Ce qui s’est passé ensuite est l’une de ces cascades créatives que le virus a indirectement déclenchées. La rééducation s’est déplacée en ligne, presque du jour au lendemain, avec zèle. Non seulement des milliers de réunions des AA ont lieu sur Zoom et d’autres lieux de rencontre numériques, mais d’autres acteurs majeurs de l’industrie de la réadaptation se sont lancés, transformant un rituel quotidien que beaucoup attribuent à leur sauvetage.
«Les membres des AA à qui je parle vont bien au-delà de la fascination initiale pour l’idée qu’ils regardent un écran de carrés hollywoodiens», a déclaré la Dre Lynn Hankes, 84 ans, en convalescence depuis 43 ans et médecin à la retraite en Floride. avec trois décennies d’expérience dans le traitement de la toxicomanie. «Ils remercient Zoom pour leur survie.»
Les gens sur le terrain disent que la réadaptation en ligne est susceptible de devenir un élément permanent du traitement de la toxicomanie. Être en mesure de trouver une réunion pour se connecter 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, présente des avantages bienvenus pour les personnes qui n’ont pas de moyen de transport, ou qui sont malades ou qui jonglent avec les défis parentaux ou professionnels qui rendent une réunion en personne difficile un jour donné. Les réunions en ligne peuvent également être un bon tremplin pour les personnes qui commencent juste une cure de désintoxication.
Certains participants disent que l’expérience en ligne peut avoir une sensation étonnamment intime.
«Vous ressentez davantage les inconnus, comme lorsqu’un chat saute sur ses genoux ou qu’un enfant peut courir en arrière-plan», a déclaré un membre des AA de 58 ans en début de rétablissement à Portland, Oregon, qui a refusé de donner son nom en citant les recommandations de l’organisation de ne pas chercher de publicité personnelle.
En même temps, lui et d’autres disent qu’ils ont soif de l’intensité brute de la présence physique.
«Les câlins me manquent vraiment», a-t-il déclaré. «La première fois que je pourrai retourner à l’église du coin pour une réunion, je le ferai, mais je ferai toujours des réunions en ligne.»
"À Cherbourg, les Alcooliques Anonymes veulent maintenir le lien malgré le confinement"
in "La Presse de La Manche" (France), 29 Novembre 2020
Pour ce deuxième confinement, les Alcooliques Anonymes de Cherbourg tentent de maintenir le lien. Mais dans ce contexte, les rechutes paraissent inévitables.
Le stress lié à la crise sanitaire, aux craintes de perte d’emploi ou aux tensions du confinement a poussé certains à trouver refuge dans l’alcool. Le confinement a aussi contraint les Alcooliques Anonymes à trouver des alternatives afin de préserver les liens entre eux.
Des rechutes
Si les groupes en présentiel n’ont pas pu avoir lieu, l’antenne cherbourgeoise a opté pour le maintien des échanges téléphoniques et des réunions en visioconférences ont également lieu avec les groupes de Caen.
« C’était compliqué de maintenir des réunions hebdomadaires dans notre local, assure
un bénévole, alcoolique abstinent depuis 28 ans. Nous avons choisi de maintenir notre permanence téléphonique. On renseigne, on conseille, on oriente. »
Nous croulons sous les appels. Certains m’appellent pour un soutien téléphonique. Mais je sais que les personnes qui suivaient nos séances en février ont rechuté. Et ce sera long pour remonter la pente. Certains auront perdu cette habitude des groupes de parole.
« Des gens qui ne buvaient pas de mettent à boire… »
L’occasion de revenir sur l’épreuve des confinements. « C’est une période très anxiogène et il y a déjà des rechutes, assure le bénévole, qui est sorti de l’alcool après un long combat. Du fait de l’absence d’événements festifs, beaucoup de jeunes sont passés d’une alcoolisation partagée en groupe à une alcoolisation individuelle ou en couple. Ils peuvent rapidement basculer du mauvais côté et devenir dépendant. L’alcool devient rapidement un dérivatif. Toutes les occasions sont bonnes pour faire un apéro sur internet. »
Des gens qui ne buvaient jamais se mettent à boire tous les soirs. Sur la liste des courses en grande surface figurent en bonne place des bouteilles d’alcool. Il suffit de passer en caisse pour s’en rendre compte. L’alcool, au même titre que le tabac, n’est pourtant pas un article de première nécessité. Ne nous voilons pas la face, l’alcool est une drogue licite qui rapporte.
La sortie progressive du confinement mettra peut-être un frein aux rechutes…
Permanence téléphonique des Alcooliques Anonymes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, valable dans toute la France : 09 69 39 40 20. Sur Cherbourg, un numéro à l’écoute : 06 22 10 49 93