"Alcooliques anonymes : les fêtes sont finies, ouf !"
in "Ouest-France", 6 janvier 2015
Pour les personnes qui luttent contre leur dépendance à l'alcool, les fêtes sont difficiles à passer. Quelques-unes poussent la porte de l'association des Alcooliques Anonymes.
« Ouf ». Les fêtes sont finies. Camille (prénom d'emprunt), 87 ans, bénévole rennais engagé au sein de l'association Alcooliques anonymes (AA), est soulagé. Abstinent depuis 36 ans, Camille a toujours du mal à vivre cette période où sabler le champagne ou boire du vin semblent faire partie d'une tradition incontournable, sans laquelle il ne peut y avoir de plaisir possible.
Camille n'est sans doute pas le seul à éprouver ce soulagement. La pression va être moindre pour tous les abstinents ou les personnes qui se battent contre leur dépendance au breuvage. Les fêtes mettent les vulnérabilités à vif. Celles liées à l'alcool particulièrement. Elles débouchent parfois sur des résolutions. « Nous voyons arriver ainsi, en janvier des personnes, à nos permanences », témoigne Camille.
À Rennes, les Alcooliques anonymes sont constituées en cinq groupes. Essentiellement des instances de paroles, où « des hommes et des femmes partagent entre eux leur expérience, leur force et leur espoir dans le but de résoudre leur problème commun ».
Pas de cotisation ni droit d'entrée pour entrer dans l'association. En revanche, une condition majeure, « le désir d'arrêter de boire ». Et un slogan, « en parler pour s'en libérer ».
Chaque semaine, à Rennes, une cinquantaine de personnes environ participe à ces temps de paroles. Quelque 70 bénévoles sont mobilisés. « Nous les aidons à devenir abstinentes. Mais ce n'est pas suffisant, témoigne Camille. L'alcoolisme est une maladie du mal être. Nous élaborons avec chacune d'elles un programme de rétablissement leur permettant d'envisager la vie autrement. Le malade alcoolique doit se réconcilier autant avec lui-même qu'avec la société. »
Camille sait de quoi il parle. Son témoignage a fourni la trame centrale d'un ouvrage paru l'an dernier (1). Vaincre l'alcool et passer Noël au jus de pamplemousse, c'est possible et jubilatoire. Mais la vigilance est toujours de mise. 36 ans après avoir arrêté, abstinent solide, Camille « s'en va des endroits où l'atmosphère devient trop alcoolisée ».
(1) Un anonyme alcoolique. Sous titre, Autobiographie d'une abstinence. De Hugues Pentecouteau et Omar Zanna, sociologues à Rennes 2 et à l'université du Maine. Préface de Véronique Nahoum Grappe. Presses Universitaires de Rennes. 214 pages, 16 €.
Groupes Alcooliques anonymes de Rennes. Groupe Agir, boulevard Albert 1e, 06 43 35 06 57. Groupe Armen, rue de Nantes, 06 22 64 05 69. Groupe Liberté, boulevard de la Liberté, 06 34 55 44 58. Groupe Patton, rue Mirabeau, 06 33 55 44 58. Groupe Stivell, avenue Churchill, 06 72 28 83 24.
Un groupe d'aide aux familles ou aux amis de malades alcooliques se réunit 22, boulevard de la Liberté, à 20 h, les 1 et 3e vendredis du mois. 07 82 66 63 54.