"À Orléans, un soutien apporté aux proches de personnes alcooliques "
in "La République du Centre" (France), 15 Octobre 2022
Claudine Baye a créé l’antenne orléanaise des groupes familiaux Al-Anon en 1986. Ces derniers s’adressent aux proches (conjoints, parents, enfants…) de personnes souffrant d’alcoolisme, qui peuvent venir échanger sur leurs expériences et leurs difficultés.
À Orléans, Claudine Baye (qui a connu Al-Anon en région parisienne dans les années 1970) peut témoigner de périodes où les réunions du lundi soir rassemblaient de nombreuses personnes, jusqu'à une quinzaine. Ces derniers temps, il y a beaucoup moins de monde autour de la table. Les aléas d’une association pour laquelle la participation est, par définition, libre, incertaine comme l'est l'abstinence. Et qui a été perturbée, comme les autres, par le Covid, pendant lequel des réunions téléphoniques régulières étaient tout de même maintenues.
"Il y a des personnes qui participent aux réunions téléphoniques, mais venir en physique, ils ne peuvent pas. Entre téléphoner et franchir la porte d’une réunion, ce n’est pas le même geste. Il y a toute la honte, la culpabilité", souligne-t-elle.
Pour autant, depuis 36 ans qu’elle participe à ces réunions, la présidente de l’association en voit les effets, même fragiles. "Ces réunions, c’est une soupape de sécurité. Combien de fois j’ai entendu quelqu’un dire 'C’est le seul endroit où je peux parler librement, avec mes tripes, sans peur d’être jugé'"
Claudine Baye elle-même a découvert Al-Anon parce qu’elle cherchait du soutien. "J’avais trop besoin d’aide, j’étais isolée, je croyais être la seule à vivre ce que je vivais. Or, quand on regarde bien, il y a beaucoup de traits communs pour les proches de personnes alcooliques".
À l’instar des Alcooliques Anonymes, les groupes familiaux Al-Anon incitent à suivre douze étapes, la première étant d’admettre l’impuissance devant l’alcool, et le principe général étant de vivre "24 heures à la fois", résume Claudine Baye.
"On dit toujours qu’il ne faut pas chercher la raison, il n’y a pas de culpabilité à avoir, c’est une maladie, et une obsession qui déteint sur les proches. Nous sommes les dommages collatéraux", ajoute-t-elle.
Parfois, le groupe s'élargit, au-delà des proches : des médecins ou des soignants, peu formés sur le sujet pendant leurs études. Preuve que ces groupes de parole font ressortir des expériences, mais aussi des expertises.
Pratique. Les réunions ont lieu le lundi soir de 18 heures à 19h30, à la Maison des Associations, rue Sainte-Catherine à Orléans. Contact : 06.07.56.89.49.