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Académie des Sciences

Publié le 15 novembre 2008 par kreizker

Tabac, alcool, cannabis, que faire ?

Par Roger Nordmann, membre de l’Académie nationale de médecine

Ces trois substances ont en commum un pouvoir addictif nuisible par le biais de mécanismes neuro-biologiques qui présentent d’importantes similitudes. Roger Nordmann dresse l’état des lieux d’une discipline nouvelle l’addictologie. Voici la communication faite devant l’Académie des sciences morales et politiques le 12 février 2007.

La France compte environ 12 millions de fumeurs réguliers. Le tabac est responsable de 60 000 décès par an et on estime à 5000 le nombre de décès liés au tabagisme passif. L’alcool est la deuxième cause de mortalité prématurée évitable, après le tabac, avec 45 000 décès par an. Son coût social est le plus élevé des produits addictifs. Le professeur Nordmann distingue 4 étapes : l’usage simple, l’usage à risque, l’usage nocif et l’alcoolo-dépendance. Le dernier groupe représente 2 millions de personnes en France. Les Français, pour 20% d’entre-eux, consomment régulièrement de l’alcool. Aujourd’hui, un jeune sur deux a expérimenté le cannabis dont l’usage régulier conduit à une démotivation et à une désocialisation du sujet.

Face à ces conduites addictives responsables de maladies graves et mortelles, Roger Nordmann prône l’extension de campagnes d’information destinées aux jeunes, aux femmes enceintes, aux parents, aux enseignants. Il défend un dépistage précoce de l’usage de ces produits et fonde des espoirs sérieux sur la mise en place du Plan 2007-2011 de prise en charge et de prévention des addictions, présenté en Conseil des ministres en novembre 2006.

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Académie des Sciences

Publié le 14 novembre 2008 par kreizker

Drogues et recherche d’identité

par Bernard Roques, membre de l’Académie des sciences
S’il existe bien un domaine où la notion de liberté ouvre à polémique c’est bien celui de l’usage des drogues... Bernard Roques, membre de l’Académie des sciences, développe cet angle dans le cadre d’un colloque organisé par la fondation Simone et Cino Del Duca consacré à l’identité changeante.

La consommation de drogues entraîne une modification de nos états de conscience. Or la conscience peut se définir et c’est qui est soutenu par des spécialistes des sciences cognitives, comme le fait d’avoir ressenti une émotion et de savoir, au sens de l’analyse, qu’il s’agissait bien d’une émotion.
La liberté est une notion métaphysique qui concerne le statut de l’homme au sein de la nature. Elle oppose deux grandes théories :

La première privilégie l’absence de contrainte, d’assujettissement à un ordre social, c’est l’ivresse de la liberté.
Cette notion de liberté souvent reprise par des consommateurs de drogues s’appuie sur l’hédonisme, même si les substances consommées changent notre état de conscience. Elles ont d’abord une action positive sur notre état psychique en procurant une sensation plus ou moins intense de plaisir. En effet, toutes les drogues activent dans notre cerveau reptilien ce qui conditionne les fonctions « animales » les plus essentielles : manger, se reproduire, s’adapter. Dans les civilisations les plus anciennes où la notion de liberté n’était pas formulée comme une entrave à la volonté, la consommation des hallucinogènes, premières drogues avec l’alcool à avoir été utilisées, avait pour mission de transcender les limites de notre conscience pour atteindre au dieu suprême.

À cet abandon au désir s’oppose les philosophies moralistes illustrées par Jean-Jacques Rousseau, donnant à la liberté morale la propriété de rendre seule l’homme vraiment maitre de lui, l’obéissance à la loi étant seule caution de liberté.
Le développement de nos connaissances sur les drogues et leur mécanisme d’action a bouleversé ces notions philosophiques antagonistes. Nous savons désormais que de nombreux paramètres biologiques et environnementaux, traduction génétique et épigénétique de nos comportements vont bouleverser notre approche de la consommation de drogues.

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