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divers en vrac

"Alcoolisme, vers la fin du dogme de l’abstinence ?"

Publié le par kreizker

in "La Croix" (France), 13 juin 2017

Médecins et associations ont longtemps martelé l’idée que, pour sortir de la dépendance, il ne fallait plus boire d’alcool. Certains défendent l’idée d’une consommation « contrôlée ».

 

Une personne dépendante à l’alcool, doit-elle, pour s’en sortir, en arriver à une abstinence totale et définitive ? Ou peut-elle espérer, un jour, boire de manière « contrôlée » et sans dommage ? Ce débat traverse aujourd’hui le monde de l’alcoologie.

Réduire peu à peu l’alcool à défaut d’arrêter

Et peu à peu, on voit se fissurer le dogme de l’abstinence totale, érigée comme absolu pendant si longtemps par la médecine ou les associations d’anciens buveurs. Au nom de la réduction des risques, de plus en plus de médecins préconisent désormais de proposer aux patients, qui le souhaitent, de s’engager dans une réduction de leur consommation. Sans pour autant arrêter totalement de boire si cet objectif leur paraît hors d’atteinte.

« Les choses bougent. Il y a trois ou quatre ans, environ 80 % des membres de la Société française d’alcoologie défendaient une abstinence pure et dure. Aujourd’hui, c’est seulement 40 % environ », indique le docteur Philippe Jaury, généraliste à Paris et enseignant à l’université Paris-Descartes. « Il y a un effet générationnel. Les membres les plus anciens sont plutôt contre cette notion de consommation contrôlée alors que les plus jeunes y sont en général favorables », explique le professeur Amine Benyamina, de l’hôpital Paul Brousse de Villejuif, et président de la Fédération française d’addictologie.

L’alcoolisme, une maladie de la volonté

Ce dogme de l’abstinence est pourtant solidement ancré puisqu’il est né vers la fin du XVIIIe siècle. « Jusqu’alors, on n’avait pas à l’idée que l’ivrogne puisse être malade. On savait qu’il existait des ivrognes, en nombre, en très grand nombre et l’on savait aussi que l’ivrognerie pouvait produire bien des dégâts. Mais l’on considérait communément que l’ivrogne buvait jusqu’à l’ébriété parce qu’il aimait, désirait, voulait boire », écrivent (1) Michel Legrand, professeur à l’université de Louvain et Roland Lefebvre, consultant en alcoologie.

Selon eux, un tournant s’est produit quand l’ivrognerie a commencé à être considérée comme une maladie par la psychiatrie. Une maladie de « la volonté », dont l’ivrogne est alors jugé incapable de faire preuve pour cesser de boire. « L’exigence d’une abstinence, immédiate et définitive, en découle, puisque dès l’instant où il touchera à l’alcool, il sera enchaîné, incapable de s’arrêter », ajoutent les deux auteurs.

Ne plus boire une seule goutte pour en finir avec l’alcoolisme ?

Cette conviction s’est ensuite ancrée dans le temps. « Au XIXe siècle, l’alcoolisme était considéré comme une faiblesse et un vice que seule l’abstinence pouvait éradiquer. Ensuite, au XXe siècle, c’est autour de cette vision que s’est construite une alliance entre les médecins et les mouvements d’anciens buveurs pour lesquels l’abstinence était un modèle fondateur », indique le docteur Alain Rigaud, président de l’association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa).

Pendant longtemps, ces mouvements ont diffusé l’idée que ne plus boire une seule goutte d’alcool était le seul moyen d’en finir avec la dépendance. Sur leur site, les Alcooliques anonymes (AA) précisent encore aujourd’hui qu’ils « sont une association bénévole, internationale, d’hommes et de femmes (…) qui se réunissent dans le but de devenir abstinents et de le rester ».

La grande majorité des Alcooliques Anonymes sont abstinents

Mais cette affirmation est un peu nuancée par Jean, un responsable des AA. « Le seul critère pour être membre, c’est le désir d’arrêter de boire. Dans nos groupes, il y a des personnes qui ont simplement réduit leur consommation sans arrêter totalement », explique-t-il tout en reconnaissant que la grande majorité des AA sont des abstinents, parfois de longue date. « C’est mon cas. Cela fait 26 ans que je n’ai pas bu une goutte d’alcool. Au départ, j’ai essayé de réduire mais cela n’a jamais marché. C’est grâce à l’abstinence que j’ai réussi à m’en sortir », ajoute Jean.

Les médecins le confirment : certains patients n’arrivent pas à boire de manière contrôlée. « J’ai vu des abstinents depuis 10 ou 15 ans replonger après avoir bu un seul verre », souligne le docteur Rigaud. Mais dans leur consultation, les médecins ont vu aussi, au fil du temps, des patients réduire leur consommation de manière progressive. Et retrouver une vie normale en buvant seulement un verre de temps en temps.

Une évolution permise par le Baclofène ?

« C’est le Baclofène qui a permis cette évolution », assure le docteur Bernard Joussaume, médecin généraliste à Bandol (Var) et ardent défenseur de ce médicament qui, depuis plus de dix ans, provoque un large débat« Cela fait neuf ans que je prescris du Baclofène et j’ai réussi à guérir 363 patients. Certains ont arrêté de boire complètement, d’autres ont réduit leur consommation à un niveau qui n’est plus problématique. Le plus souvent, ils boivent un verre de temps en temps. Mais ils sont devenus indifférents à l’alcool », affirme le docteur Joussaume.

D’autres assurent qu’on ne peut attribuer à ce seul médicament cette remise en cause du dogme de l’abstinence. « C’est un mouvement international alors que le Baclofène est un débat très franco-français. Ce qui a surtout joué, c’est le fait qu’on voit de plus en plus de patients pour lesquels l’abstinence est un objectif impossible à atteindre », souligne le professeur Michel Reynaud, président du Fonds actions addictions, qui a dirigé une étude sur le Baclofène.

Écouter les patients sur ce qu’ils se sentent capables d’accomplir

Tenir compte de l’avis des patients et de ce qu’ils se sentent capables d’accomplir. Voilà désormais un objectif crucial pour la Société française d’alcoologie (SFA). « L’abstinence est l’objectif de consommation le plus sûr pour la plupart des personnes souffrant d’une dépendance à l’alcool », souligne-t-elle dans ses recommandations de 2015. Mais si les patients ne souhaitent pas s’engager vers l’abstinence, la SFA estime qu’il faut s’orienter vers une « réduction des dommages », en permettant une baisse de la consommation.

Car s’il reste utile pour certains patients, ce dogme de l’abstinence en dissuade aussi d’autres d’aller vers le système de soins, effrayés à l’idée de ne plus jamais boire un seul verre de toute leur vie. « Régulièrement, on voit des patients qui disent : “s’il faut devenir totalement abstinent, je préfère ne pas me soigner” », indique le docteur Jaury, autre grand défenseur du Baclofène. « Grâce à lui, on voit “sortir du bois” des gens qui, avant, vivaient leur dépendance totalement cachée », ajoute-il.

C’est là sans doute l’évolution majeure : savoir que l’abstinence n’est plus la seule voie possible permet à des buveurs en difficulté d’aller vers le soin. « Pour certains patients ayant des fragilités particulières, l’abstinence doit rester l’objectif. Mais réduire la consommation peut être une première étape vers une sortie définitive de la dépendance », souligne le docteur Rigaud. Avant d’ajouter qu’en « alcoologie, c’est en écoutant les patients qu’on arrive à avancer ».

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► De nouveaux seuils de consommation d’alcool

Des seuils moins élevés. Pendant longtemps, les seuils à ne pas dépasser en France étaient de trois verres par jour pour les hommes et deux pour les femmes. Soit respectivement de 21 et 14 verres par semaine. Mais depuis mai, il est conseillé ne pas consommer plus de dix verres d’alcool par semaine pour les hommes comme pour les femmes. Et de garder des jours sans boire une seule goutte d’alcool.

Le verre « standard ». en France, il contient 10 cl de vin ou de champagne, 2,5 cl de pastis ou de whisky, 7 cl d’apéritif ou 25 cl de bière.

PIERRE BIENVAULT

 

(1) Boire après l’alcoolisme, revue Psychotropes, 2003

Publié dans divers en vrac

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"Les Grosses Têtes et les Alcooliques Anonymes"

Publié le par kreizker

7 JUIN 2017 : Aujourd'hui dans Les Grosses Têtes, Laurent Ruquier a voulu savoir si certaines Grosses Têtes s'étaient déjà rendues aux Alcooliques Anonymes. Personne n'a souhaité s'exprimer.

Publié dans divers en vrac

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"Avec Vie libre, les alcooliques ne sont pas anonymes"

Publié le par kreizker

in "Ouest France", 2 juin 2017

Tous les quinze jours, l'association Vie libre ouvre ses portes aux personnes touchées par l'alcoolisme.

Tous les quinze jours, l'association Vie libre ouvre ses portes aux personnes touchées par l'alcoolisme.

L’alcoolisme est une maladie. Tous les quinze jours, à Fougères (Ille-et-Vilaine), l’association Vie libre ouvre la porte aux convalescents de la bouteille et à leur famille. La guérison ne peut être l’affaire que d’un homme ou d’une femme seul(e).

Au deuxième étage de l’aile droite de l’ancien couvent des Urbanistes, à Fougères, la salle est presque trop petite pour accueillir tout le monde. Ce vendredi soir, comme tous les quinze jours, l’association Vie libre ouvre la voie de la guérison à des hommes et des femmes en proie à une maladie pernicieuse, incomprise et parfois invisible : l’alcoolisme.

Ils sont une quarantaine, âgés de 25 à plus de 70 ans, à vouloir guérir de la bouteille. « C’est en venant ici qu’ils apprennent que c’est une maladie », explique Christian Le Roux, responsable de la section fougeraise. Vie libre guérit des malades. Pas des pécheurs.

Aujourd’hui, la consommation d’alcool est stable en France. Sauf chez les 18-25 ans, où en près de dix ans, de 2005 à 2014, la proportion de personnes ayant connu une ivresse dans l’année est passée de 33 % à 46 %, et la part de celles en ayant connu au moins trois a presque doublé, passant de 15 % à 29 %, selon les chiffres de l’Inpes. « Dans le temps, c’était le cidre, le vin, la bière. Aujourd’hui, les pratiques d’alcoolisation ont changé », reconnaît Christian Le Roux. La jeunesse, impatiente, a toujours le goût de l’ivresse. Il faut que ça aille vite et fort. On appelle ça lebinge drinking ou biture express.

Il est 20 h 30 passé de quelques minutes, le responsable de la section fougeraise ouvre la réunion. Une boîte de cachous passe de main en main, parfois encore tremblantes, symptôme encore visible d’une forme de rémission. « On a le plaisir d’accueillir ce soir Jocelyne et Jean-Charles. […] Sachez qu’aujourd’hui, vous serez entourés de nouveaux amis. Courage et long chemin dans la voie de l’abstinence. »

« Je suis fier de moi »

Quelques applaudissements saluent les nouveaux venus. Mais contrairement à d’autres associations, un membre de Vie libre est passé les voir à leur domicile quelques jours auparavant afin de leur expliquer le déroulé du suivi. Loin des clichés véhiculés par le cinéma ou les séries américaines, pas besoin de décliner son identité et de dévoiler son pedigree de buveur. À Vie libre, le conjoint et les enfants sont les bienvenus. « Pousser la porte est déjà difficile, alors on n’oblige personne à prendre la parole », indique Didier Goupil, un abstinent qui a fait le choix, comme beaucoup, d’intégrer le conseil d’administration de l’association.

Chaque réunion est organisée autour d’un thème. Ce vendredi, place au jeu des questions. Des membres du bureau, abstinents ou conjoints d’ex-alcooliques, se muent en animateurs. « Quand as-tu retrouvé la confiance en toi ? » « Quelle réaction as-tu devant une personne qui rechute ? » Les anciens prennent la parole. Chacun sort du même enfer. Une maladie qui brise la vie « d’une dizaine de personnes autour de soi », insiste Catherine. Ces témoins rappellent que l’abstinence heureuse et la fête sans alcool, ça existe. Que l’on peut rechuter pour une bière. Qu’il faut réagir avant qu’il ne soit trop tard. « J’ai décidé de me soigner le jour où j’ai failli tuer ma femmeraconte Marcel. J’étais dans un état d’ébriété avancé et je lui ai dit : « Prends le gosse et fous le camp. » » Avant de commettre l’irréparable.

Jean-Charles panse ses plaies depuis déjà trop d’années, et pour lui, difficile d’admettre la maladie. « On est tous responsables de ce que l’on boit. Je suis patron de bistrot. J’ai tout à portée de main. Malgré quatre sevrages et une cure, ça n’a pas fonctionné. » Malaise. La parole est libre, parfois douloureuse, alors la réponse se veut bienveillante. « Nous sommes là pour aider les gens, pas pour les juger », rappelle Didier. Sébastien, la trentaine bien tassée dont quinze ans de boisson, l’a bien compris. Accompagné de sa femme, il raconte : « Personne ne me croyait quand j’ai dit que j’allais arrêter de boire. J’ai rechuté plusieurs fois, mais aujourd’hui, cela fait plus de cinq ans que j’ai arrêté et je suis fier de moi. »

Publié dans divers en vrac

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USA, Belton, Missouri : on lui tire dans les jambes sur le parking d'une réunion AA

Publié le par kreizker

Le soir de la Saint-Valentin (14 février 2017)

Les jours de la victime ne sont pas en danger

Le tireur : Thomas Sanders (24 ans)

Arme ; Winchester 22 Long Rifle

Mobile inconnu

USA, Belton, Missouri : on lui tire dans les jambes sur le parking d'une réunion AA
"Wing and a Prayer" group

500 N. Scott Avenue (Suite H) - Belton - Missouri 64012 - USA

25 Réunions par semaine

Publié dans divers en vrac

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