France 3 : le 19-20 (édition Champagne) - 19 novembre 2011
Dr Palomino
in "L'Union - L'Ardennais", 19 novembre 2011
Congrès national des alcooliques anonymes, ce week-end à Reims La thérapie de groupe comme bouée de sauvetage
Aujourd'hui et demain, les alcooliques anonymes tiennent leur 51e congrès à Reims sur le thème : « La liberté et l'abstinence d'alcool ». Jean-Claude s'en explique.
« MOI, je me suis servi de l'alcool comme d'un médicament. Si on n'est pas allergique et qu'on fait partie, comme moi, des 2 % de la population prédisposée à devenir dépendant de l'alcool, on passe vite de quelques bières à une caisse ou deux puis l'on ajoute du whisky. Et c'est l'engrenage. » Responsable communication de l'association des alcooliques anonymes qui tiendra son congrès ce week-end à Reims, Jean-Claude parle aisément de l'alcoolisme depuis qu'il est devenu abstinent. Écoutons-le.
Né en 1935 aux États-Unis
« C'est le journaliste-écrivain Joseph Kessel qui a parlé pour la première fois en France, en 1960, des alcooliques anonymes (alcoholics anonymous, AA en anglais) dans un article de France soir (1). Il avait été séduit par les résultats obtenus par un docteur et un banquier alcooliques qui avaient créé le mouvement AA en 1935 aux États-Unis et remarqué qu'en plus de l'abstinence, il était indispensable que les malades alcooliques baignent dans un climat de fraternité pour s'en sortir. Qui mieux que d'autres alcooliques peuvent comprendre et partager le parcours d'un autre alcoolique ? »
Car Jean-Claude en est aujourd'hui persuadé. « L'alcoolisme est une maladie physique doublée d'une obsession mentale. Une maladie de l'émotion aussi. Si le problème physique doit être traité par des médecins alcoologues et des psychiatres, la partie mentale passe forcément par la participation à la vie d'une association. Je suis aujourd'hui persuadé que si j'arrive à être abstinent, c'est parce que je fais partie de l'association des alcooliques anonymes. Sans elle, je rechuterais, c'est sûr. Car il faut bien le savoir, la seule solution pour ne pas replonger, c'est l'abstinence totale. Il n'y a que ceux qui sont passés par cette saloperie du corps qui réclame et réclame encore de l'alcool, qui peuvent comprendre. L'alcoolisme est une maladie progressive, incurable et mortelle. On s'en sort ou on en crève. C'est clair, on ne doit pas consommer une goutte d'alcool. Tout commence par un programme de rétablissement en douze étapes. »
600 groupes en France
Pas facile de savoir combien l'association des alcooliques anonymes a d'adhérents en France. Il n'y a pas d'inscription obligatoire. Les gens sont protégés par l'anonymat. Ils ne se connaissent simplement que par leurs prénoms. Jean-Claude les évalue toutefois à environ 8 000, rassemblés dans un peu plus de 600 groupes. Un chiffre en augmentation. Petite précision pour ceux qui, comme nous, ont consulté sur internet des informations sur le mouvement des AA. Quand il est dit que la démarche proposée par les alcooliques anonymes est dite « théiste » parce qu'elle fait référence à Dieu, le responsable communication est clair. Il ne s'agit pas d'un programme religieux, mais spirituel. On fait d'abord référence au groupe qui accueille, à la conscience personnelle de chacun, à charge ensuite pour chacun de définir la puissance supérieure qui peut l'aider : ce peut être la nature, la religion, telle que chacun la conçoit. C'est dit.
Alain MOYAT
(1) Il en a aussi fait un livre intitulé : « Avec les alcooliques anonymes ».