"Je dois la vie à ce médecin"
" Mon fils avait des allergies respiratoires. J’ai rencontré un médecin qui l’a beaucoup aidé. Et tout à coup, je me suis demandé pourquoi je n’oserais pas, moi aussi, parler de mes problèmes d’alcool. Je lui en ai donc parlé, et il m’a donné des petits granules pour essayer d’être un peu mieux dans ma peau. J’étais consciente que je buvais trop et ai donc fait deux ou trois visites pour moi. Je diminuais, sans pour autant arrêter, et l’alcool était toujours dans ma tête ", raconte Anne.
Un jour, le médecin lui dit : " Je ne peux plus rien faire pour vous aider, il n’y a que les Alcooliques anonymes qui puissent le faire ". Anne sort du cabinet en sanglots, se sentant d’abord abandonnée par ce médecin. " Ça n’était pas la première fois que j’entendais le mot " alcoolique " mais jusque-là, je l’avais toujours refoulé, j’étais dans le déni. Je dois la vie à ce médecin que j’ai écouté, car j’ai téléphoné aux AA, en ayant bien bu. Je suis allée à une réunion avec 45 minutes de retard, et je n’ai pratiquement rien compris à cette première réunion tellement j’étais saoule. Mais j’y suis retournée pour deux raisons : d’abord, les gens riaient ; moi, je ne savais plus rire ; et ces gens avaient les yeux clairs, et pour ça, je suis retournée. Je buvais alors encore un peu mais pour la première fois de ma vie, je n’ai pas menti sur ma consommation. Ce que j’avais toujours fait jusque-là face au médecin en lui disant que j’avais bu une demi-bouteille. Un des membres m’a dit : " Si tu sais arrêter au 5e, tu n’es pas comme nous, tu es comme la majorité des gens ". Ça m’a turlupiné car je me suis rendu compte qu’au 5e, je n’aurais jamais su m’arrêter."