Le combat d’une vie contre l'alcoolisme : « Pour moi, je n’étais pas malade, j’avais juste un problème avec la boisson »

Publié le par kreizker

in "La Montagne" (France), 16 avril 2018

Le combat d’une vie contre l'alcoolisme : « Pour moi, je n’étais pas malade, j’avais juste un problème avec la boisson »
Samedi, le groupe du Limousin des Alcooliques Anonymes a fêté ses 44 ans. Sur le thème de la délivrance, les membres ont partagé leur histoire.

Louis (*), 46 ans, fêtait, ce week-end, ses deux ans d’abstinence. Le groupe des Alcooliques anonymes lui permet de tenir et de livrer aujourd’hui son histoire. Un témoignage qui, il l’espère, pourra aider ceux qui sont prisonniers de cette addiction.

« Pour moi, le problème a commencé très tôt. Comme mes problèmes de vue ont été détectés très tard, tout petit, je me sentais différent. Au lieu de jouer avec les copains, j’allais au Centre médico-psychologique rattraper mon retard. Ça a duré jusqu’à mes 6 ans. »

Louis continue sa vie jusqu’à l’âge de 10 ans, où il a eu un grave accident. « Je suis resté un an dans le coma. Il m’a fallu réapprendre à lire, à écrire. C’était assez difficile à vivre, je me sentais toujours différent des autres. »

Arrivé en 6e, l’année est chaotique. « J’ai été viré de neuf collèges. Mes parents m’ont envoyé chez les prêtres à Sarlat. C’est là que j’ai rencontré l’alcool, à l’internat. Les bouteilles sont entrées en cachette. On était quatre dans la même chambre et déjà, je buvais plus que les autres. Je n’avais pas l’impression d’avoir un problème, car je me sentais bien dès que je buvais. »

Un engrenage

Après deux ans passés à Sarlat, Louis change d’environnement mais continue à boire. Sans contrôle. Jusqu’à ses 16 ans. « Les accidents de mobylette ont commencé. À 18 ans, j’ai rencontré ma première copine, avec qui j’ai vécu deux ans. Mais le jour de l’anniversaire de ma mère, elle s’est suicidée. L’alcool est alors devenu un vrai médicament. J’en buvais matin, midi et soir. »

Pendant deux ans, jusqu’à ce qu’il décide de faire une première cure, en 2000. « J’ai tenu un an. Je pensais que j’étais sauvé, mais j’ai replongé. Tout seul, on ne peut pas s’en sortir. J’ai continué à boire pendant 7 ou 8 ans. Pour moi, je n’étais pas malade, j’avais juste un problème avec la boisson. »

Un peu moindre lorsqu'il rencontre sa femme, avec qui il a eu deux enfants. « Au début, je me suis un peu calmé. Mais au fur et à mesure, je planquais des bouteilles partout. J’amenais mes enfants à l’école en avance, quitte à payer la garderie. Puis, j’arrivais à l’atelier avant mon collègue. À 7 h 30, j’avais déjà bu un litre de rouge. »

« Les AA sont ma deuxième famille et je sais que si je ne viens pas, je peux recommencer à boire » 

Jusqu’à une nouvelle cure, en 2015. « Où je ne me suis occupé que des autres. Ça m’arrangeait d’ailleurs. Quand je suis sorti, ça a duré 15 jours et j’ai dû y retourner. »

La dernière est bénéfique. « J’ai changé de médecin. Il m’a prescrit un médicament qui rend malade dès qu’on boit de l’alcool. Puis je suis revenu aux Alcooliques anonymes. La chaleur du groupe m’a aidé. Heureusement que j’ai franchi la première étape du programme car j’ai perdu mon fils il n’y a pas longtemps, dans un accident de moto. Sans ça, j’aurais replongé. »

Sa délivrance a commencé il y a deux ans, quand il a admis qu’il avait perdu la maîtrise de sa vie. « Car l’alcool me menait. Les AA sont ma deuxième famille et je sais que si je ne viens pas, je peux recommencer à boire. » 

(*) Le prénom a été changé.

Groupe AA :

Centre culturel Raoul Dautry - 29 Avenue Raoul Dautry - 19100 Brive-la-Gaillarde - France

Publié dans AA france

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