"Bonnes résolutions du mois de janvier : mettre un coup de frein à sa consommation d'alcool"

Publié le par kreizker

"France Bleu", 7 Janvier 2022

C'est devenu un rituel du mois de janvier. Le Dry january est de plus en plus pratiqué en France. Cette opération, qui est née en Angleterre, nous met au défi de ne pas boire une goutte d'alcool pendant un mois. Histoire de gommer les effets des fêtes mais aussi de ne pas devenir accro

Verres vides à l'occasion du "Dry January"
Verres vides à l'occasion du "Dry January" © Radio France - Alain Salomon

Faire une pause dans sa consommation d'alcool, c'est ce que propose le Dry January. Cette opération lancée en 2013 en Angleterre prend chaque année un peu plus d'ampleur en France. Le principe est simple : pas une goutte d'alcool au mois de janvier et pour y arriver, on peut se lancer des défis sur internet, se réunir entre amis pour se motiver et tester les apéros non alcoolisés.

"C'est une opération intéressante", reconnait Alain, bénévole depuis 29 ans des Alcooliques Anonymes de la Sarthe. Notamment pour les jeunes, ceux qui s'alcoolisent fortement dans les soirées. Des beuveries occasionnelles qui peuvent virer à la dépendance, explique Alain : "Quand on est jeune, on est un peu inconscient et on se dit là, c'est passager. Je maîtrise ! Le gros piège de l'alcool c'est qu'on imagine qu'on est capable de maîtriser sa consommation. Or, le principe même de la maladie, comme le dit le docteur Fouquet, qui est un des pionniers français de  l'alcoolisme, c'est d'avoir perdu la liberté de s'abstenir d'alcool".  

De plus en plus de femmes aux réunions des Alcooliques Anonymes

 

Car le risque, c'est d'y prendre goût. "La plupart du temps, on commence à goûter le produit. Et puis, le problème, c'est qu'on en voit les effets. Et l'alcool, ça a des effets positifs dans un premier temps. Pour la plupart des gens, ça libère beaucoup de choses. Ça amène un sens de la convivialité indéniable. Et malheureusement, petit à petit, on peut prendre l'habitude de la consommation pour rechercher d'abord peut-être les effets justement positifs. Malheureusement, on y devient accro et c'est l'addiction" !

Et c'est justement ce qui est arrivé à ceux qui fréquentent les Alcooliques Anonymes. "Des hommes et femmes, de plus en plus, de tous âges", explique Alain. Ils se sont mis à boire pour faire comme les copains, après un divorce, une maladie, un accident de la vie ou parce qu'ils souffrent de solitude. "On consomme de l'alcool parce qu'on n'imagine pas pouvoir faire autrement. Ça devient indispensable dans nos vies". 

Alain est bénévole à l'association des Alcooliques Anonymes de la Sarthe depuis 29 ans
Alain est bénévole à l'association des Alcooliques Anonymes de la Sarthe depuis 29 ans © Radio France - yann lastennet

Le double effet du Covid 

 

Le coronavirus et les confinements successifs ont parfois aggravé les choses. Selon certains médecins, pendant la crise sanitaire, la consommation d'alcool a augmenté. "C'est relativement difficile à apprécier", admet Alain. 

Pour garder le lien avec les accros à la bouteille, les Alcooliques Anonymes de la Sarthe ont du organiser des rendez-vous à distance, par visio-conférence. "Cette campagne de visio a été très suivie puisqu'on avait, pour nos groupes du Mans et de Sablé, cinq réunions par semaine".  Des groupes de paroles à distance qui ont eu des effets bénéfiques. "Paradoxalement, ça nous a rapproché de certaines personnes. Des personnes qui ont osé faire le premier pas". Celles qui n'osaient pas se déplacer physiquement pour intégrer un groupe de parole. 

"Il y a aussi la honte qu'on peut avoir de fréquenter des gens qu'on ne connaît pas. De se déclarer soi-même alcoolique, ce n'est pas simple de se reconnaître dépendant de l'alcool. C'est comme un aveu de faiblesse ou un aveu de défaite". Selon Alain, le Covid a servi de révélateur pour beaucoup de gens. Selon un sondage commandé par la Ligue contre le cancer, 31 % des Français boivent trop.

Publié dans AA france

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