"Zéro alcool, une lutte partagée"

Publié le par kreizker

in "L'Ami Hebdo" (France), 5 Janvier 2023

Pas d’alcool pendant un mois. Dès le 1er janvier 2024, le défi « Dry January » a commencé l’éloge de la sobriété. Le président des Alcooliques Anonymes en Grand Est et le vice-président de la Fédération Française d’Addictologie témoignent des efforts à fournir pour lutter contre la surconsommation et l’addiction. 

Vous reprendrez bien du crémant ? Ou du vin chaud ? A l’heure des bonnes résolutions, ces injonctions sociales sont la lutte de certains. Dès le 1er janvier, le défi « Dry January » propose un mois d’abstinence complet, loin de tout alcool. Un défi anglophone, comme son nom l’indique, qui s’est développé en France il y a 5 ans, et qui réunit une communauté plus motivée que jamais. Malgré une absence totale de soutien de l’Etat, « près de 30% des français avaient l’intention de participer à ce challenge en 2024 » explique Michael Bisch, vice-président de la Fédération Française d’Addictologie, basé en Meurthe-et-Moselle. 

Demander un soutien du gouvernement 

Le spécialiste avait adressé une lettre au ministre de la Santé avec 47 collègues en décembre 2023, demandant un financement de campagne pour « Dry January » et une politique renforcée contre l’alcoolisme. Résultat : en 2024, seuls les fonds associatif ont financé la publicité, alors que les moyens de Santé publique France auraient été largement supérieurs, pour une meilleure diffusion. Côté politique dédiée, les demandes sont déjà claires, mais en attente. « Il faudrait un plan national de lutte » indique le Dr Bisch.

Un jeune sur deux a déjà consommé de l’alcool avant ses 13 ans, selon l’OMS. En France, en 2020, près d’un Français sur quatre avait déjà dépassé les repères de consommation d’alcool à risque, relayait l’Assurance-maladie. Une validation sociale qui devient une excuse valable et remplace la motivation. « L’alcoolisme, on l’appelle la maladie du c’est à cause de » souligne Claude, président des Alcooliques Anonymes du Grand Est. A cause des amis, de la famille, des collègues, des rencontres au travail… La période des fêtes rend l’exercice encore plus difficile. 

Lutte accrue au nouvel-an 

Claude gère un groupe de rencontres qui se tient tous les vendredis à Sarrebourg. La période du nouvel-an reste un énorme défi pour une de ses habituées, malgré 4 ans d’abstinence. Jusqu’à devoir s’enfermer chez-soi pour éviter de voir des proches qui, sans s’en rendre compte, incitent à replonger et quitter ses bonnes habitudes. « Et même s’il y a une replonge, il ne faut pas en avoir honte. On ne peut pas s’en vouloir d’être maladeIl faut se relever et absolument en parler » préconise Claude.

 

Un travail sur soi primordial, que certains choisissent de ne jamais faire. Catherine, membre de Al-Anon, a divorcé de son mari après 30 ans, car celui-ci était devenu irascible et violent, et refusait de se soigner. D’abord, sa dépendance passait inaperçue au milieu des fêtes qu’il organisait régulièrement. Catherine a incité son mari à fréquenter un addictologue, et pensait pouvoir et devoir faire quelque chose, en tant que conjointe. « Le médecin m’a dit que je ne pouvais pas le guérir moi-même. C’était à lui de le vouloir, pas à moi » témoigne la mère de famille qui a pris un nom d’emprunt pour cette interview. 

La volonté, maitre mot 

Il faut le vouloir, pour le croire. Croyance d’ailleurs principale des Alcooliques Anonymes « Notre mot d’ordre, c’est de ne jamais prendre de premier verre. Pas une goutte. Ceux qui ont déjà basculé mentalement et physiquement replongeraient tout de suite » assure le président de l’association dans le Grand Est, sobre depuis plus de 30 ans . Une approche différente de celle que prennent les addictologues avec leurs patients.

Les sources de motivations peuvent être multiples, hors grosse addiction : meilleur sommeil, perte de poids, amélioration de l’humeur, meilleure peau … Tenterez-vous l’abstinence ? 

Publié dans AA france

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