Hector M. va fêter son 50° Noël sobre !
Traduit de "La Viña" (noviembre/diciembre 2012)
Nunca más navidades tristes
Creer en un Poder Superior lo aleja del alcohol y de la depresión clínica
Plus jamais de Noëls tristes
La croyance en une Puissance Supérieure l'a sauvé de l'alcool et de la dépression clinique
Je me souviens du Noël pendant lequel j'ai été admis à l'asile. Ce n'était que quelques jours avant la fête. J'étais rempli de colère et de haine envers tout et tous. Je pensais au mal que les autres m'avaient causé. Pendant 10 mois, j'ai été interné à San Salvi, pour la seconde fois. La seule chose qui m'est venue à l'esprit était la vengeance, dans mon esprit il n'y avait que la vengeance et la rage contre le monde. J'avais un dédain marqué pour Noël, qui était proche, et une haine contre la date de cette fête. Je me suis dit, mentalement, que pour moi il n'y avait pas de Noël. Ces jours avaient toujours été pour moi pleine de mélancolie et de solitude. Et cette fois, c'était pire, j'étais enfermé.
Il m'est revenu à l'esprit que le son tragique de l'ambulance qui m'avait emmené était celui de la "Misericordia di Firenze", et m'avait laissé seul dans cet endroit pathétique. Pourquoi mon séjour là-bas? Qui leur a dit que j'étais fou? Je connaissais la réponse, mais n'y croyait pas, j'étais enfermé pour alcoolisme et dépression. Donc, j'en suis arrivé à penser : je ne suis pas italien, je veux parler au consul de mon pays. Je me suis écrié : personne n'a le droit de m'enfermer. Le jour viendra où je pourrai sortir d'ici et montrer à tous que je ne suis pas fou. Et toi, Dieu, tu me fais mal, tu me punis, sans que je croie en toi. Pourquoi me punis-tu de cette façon ? D'abord, tu m'as enlevé ma mère, je ne l'ai jamais connue et, comme si ce n'était rien, cette terrible solitude qui me tue lentement avec ses griffes. Dieu ? Pourquoi me fais-tu ça ? Viens me voir et tu verras pourquoi je ne crois pas en toi, avec mon coeur plein d'amertume, mon âme brisée, comme dévorée par des bêtes sauvages avec leurs museaux baveux.
Un jour avant Noël, une infirmière m'a appelé et m'a dit : "Voici l'arbre de Noël et les ornements pour la décoration. Je te charge d'arranger l'arbre et d'organiser la fête de Noël. Monte sur l'échelle et commence ton travail immédiatement! Je dois dire qu'ils n'aimaient pas du tout que je sois avec les autres patients, ne sachant pas à quel moment ils auraient une crise, les infirmières devaient alors leur mettre la camisole de force, comme à moi le premier jour. C'est dans une camisole de force, attaché pieds et poings liés, d'un autre hôpital, que j'ai été envoyé à San Salvi, aussi je n'aimais pas regarder tout ce qui se passait autour de moi. Il ne suffit pas de fermer les yeux, j'ai entendu les cris et le bruit des coups donnés aux plus réticents, tous culpabilisés. Nous ne nous contrôlions plus et avons commencé à pleurer, ce n'était pas agréable, était-ce une punition ? Je ne sais pas, je me souviens seulement que je souffrais à cause de mon alcoolisme.
Par conséquent, pour éviter d'être l'un de ceux-là, je suis monté sur l'échelle et ai commencé à mettre les décorations sur l'arbre. En mettant les ornements, j'ai réalisé que je ne voyais pas bien, mes yeux étaient pleins de larmes, je cherchais à couvrir mon visage, pour que les infirmières ne le voient pas, sinon elles m'auraient administré une piqûre pour m'endormir et me calmer. Je suis descendu de l'échelle en simulant une toux et me suis rendu dans ma chambre. J'ai pris l'oreiller, l'ai porté à mon visage pour le mordre et essuyer mes larmes. Et pendant ce temps, mon esprit revenait toujours avec la même question ; "Dieu, pourquoi ça m'arrive-t-il? Seigneur, pourquoi je n'arrive pas à arrêter de boire?" Quand ces idées se sont dissipées, j'ai cru que c'était un cauchemar. Que rien n'était vrai. Pensé à boire? Non, absolument pas! Blasphémant et reniant la vie, je suis retourné finir la décoration de l'arbre de Noël. Fiévreux, transpirant, ce n'était pas le manque d'alcool, c'était le manque d'air qui me rendait si triste et seul, assailli par une bande d'animaux sauvages : LA SOLITUDE !
Et j'ai pensé que Dieu ne m'aidait pas, je n'ai pas pensé à boire, c'est vrai, mais mon âme n'était pas en paix, en réalité, en moi se livrait une bataille contre tout ce qui m'avait amené à ce mode de vie, ce qui m'a amené à faire des choses folles, que seul un alcoolique est capable de faire. Qu'est-ce que ça pouvait être d'autre ? Je me souviens m'être dit : Je ne vais rien demander à Dieu! Il vaut mieux que je m'en occupe moi-même! Je suis retourné terminer l'arbre de Noël, finalement tout fut recouvert de plein de couleurs et avait belle allure dans cette immense salle pour les fous. C'était une ironie de voir la lumière et la tristesse dans leurs yeux à tous. Comme il faisait froid, toutes les fenêtres avaient été fermées, la fumée de cigarettes rendait la lumière diffuse, on aurait pu la couper.
Un groupe de gens se promenait, d'autres étaient assis, ceux-là là-bas riaient tout seuls, j'étais comme un robot. Assis, j'observais et évitais de montrer mon visage pour ne pas montrer mon âme brisée. Puis j'ai commencé à nettoyer les tables, nous étions 100 personnes là. Je voulais m'occuper pour ne pas sombrer dans une profonde dépression. Finalement, Noël est arrivé. C'était une journée de visite, tout le monde a reçu la visite de sa famille, de ses amis, presque tous avaient reçu un cadeau, des pâtes, des gâteaux, des bonbons, des fruits et d'autres choses. Moi, j'étais assis dans un coin, à les regarder, on pourrait dire que tout était normal. Moi par contre, j'étais assis là sans cadeau, sans un ami, seul avec une énorme indifférence à la vie, à ce jour de Noël. A ce moment-là, j'ai regretté de façon confuse d'avoir cherché à me suicider en me coupant les veines, en état d'ivresse.
Ainsi se passa mon Noël à l'hôpital San Salvi. Enfermé à l'asile. Tout en moi, avec moi, dans mon esprit, ne savait pas comment vivre. La folie était en moi. Quand on m'a laissé sortir, le docteur m'a appelé et dit : "Je vous recommande de ne pas boire des trucs forts, juste une bière avec les repas, si vous voulez, vous pouvez prendre un verre de vin rouge, c'est bon pour le sang". Je lui ai répondu : "Oui, oui ok, je vais faire comme vous le dites". A la sortie, je n'avais pas les clés de ma maison, ils m'ont dit que je n'avais plus ma maison, je n'avais plus les clés de mon commerce et, de même, ils m'ont dit que mon commerce n'existait plus. Vous rentrez dans votre pays, ici vous n'avez plus rien, seulement un billet d'avion. Pour vous en aller.
J'avais tout perdu, travail, maison, amis, dignité, alors, dans mon pays, au Mexique, j'ai été boire, parce que cela faisait du bien au sang (je ne veux pas polémiquer avec les médecins, il n'y avait pas de AA en Italie à ce jour). Il m'avait dit que je n'étais pas fou et j'ai rebu de plus belle. Je n'étais plus en Italie, cette fois-ci j'étais vraiment seul, il ne restait plus personne de ma famille adoptive, tous décédés. J'ai bu avec désespoir, et enfin après, j'ai commencé à penser à Dieu. C'était la première fois que, sans croire aux miracles et seulement poussé par le désir, je suis allé au groupe "Valle de México". J'ai réalisé qu'ils parlaient des Alcooliques Anonymes. Je savais que j'étais un alcoolique dépressif , mais pas que je souffrais de la maladie de l'alcoolisme. Ce fait providentiel m'a fait rester dans le groupe, et ainsi je ai pu assister à ma première réunion. Là, j'ai compris ma folie et mon absence d'esprit sain. Et grâce au groupe et à mes amis AA, j'ai commencé à cesser de boire et entrepris mon rétablissement. Petit à petit, sans penser à combien de temps je mettrais à me sentir sobre, ce n'était pas un concours de vitesse pour un mal incurable.
Je suis arrivé au sein du Groupe seulement par la grâce de Dieu, je n'ai pas bu ni eu de difficultés, j'ai commencé à voir et à avoir une vie nouvelle. J'ai commencé à lire notre littérature, à mettre en pratique les principes et à me conduire avec honnêteté et sincérité. J'avais pensé être très intelligent, mais ce n'était pas le cas. Lisons la 2° étape, où il est écrit : "Lorsque nous avons connu AA, l'illusion de cette attitude de défi nous est apparue. Jamais nous n'avons cherché à savoir ce qu'était la volonté de Dieu pour nous; au contraire, nous Lui avons dit ce qu'elle devait être. Nous avons pris conscience que personne ne peut en même temps croire en Dieu et Le mettre au défi. Croire signifie se fier, non se défier". (12 étapes 12 traditions, pages 36-37)
A partir de cette idée, ma vie a commencé à changer, petit à petit, je ne suis plus le même que celui que je fus, de celui que j'étais avant. J'accepte toujours la volonté de Dieu, je n'ai de ressentiment ni de rancoeur envers rien, envers personne. Grâce aux 12 étapes, je vis plus paisiblement. En étant en AA, j'ai davantage d'amis, je suis un "solitaire", mais je ne suis pas seul. J'ai vécu avec eux plusieurs Noëls, un jour un ami italien, Carlo Coccioli, m'a invité chez lui pour Noël. Je me suis rendu avec mon chiot sous le bras, à la réunion du groupe "Valle de Mèxico", j'étais très content et j'ai salué tous mes amis AA.
Après, je me suis rendu à la maison de mon ami pour y passer Noël avec lui. Pendant que je préparais une tasse de café, je ne sais pas ce qui se passa soudainement. Mon ami commença à me faire des reproches, à se souvenir de ma façon de boire. Il commença à pleurer, avec sa forte voix et des mains menaçantes. Il m'a chassé de sa maison, j'étais confus, je ne comprenais rien. J'ai cherché mon chiot, l'ai embrassé pour éviter d'être frappé par des objets qu'il me jeta. Et alors j'ai couru loin de la maison. Puis je ai pris un bus pour revenir à mon petit appartement. Dans la rue, j'avais une boule dans la gorge, je n'ai pas pleuré, je me suis rappelé ma réunion peu avant et je suis finalement rentré à la maison. Mon chien me regardait, pendant que je faisais la prière de la sérénité. J'ai dressé la table pour nous deux et nous avons commencé à manger du poulet, des pâtisseries avec du jus d'orange. Avant d'aller dormir, j'ai prié pour mon ami, en demandant à Dieu et en le remerciant que je n'avais pas pensé à boire, ce Noël fut un cadeau de Lui.
J'ai donc appris à être guidé par Lui, je suis en paix avec moi-même. Quand je suis seul avec mon Père Céleste et mes amis, je peux souhaiter plein de tranquillité à ceux qui sont seuls, je le dis de tout coeur. JOYEUX NOEL
Pour en savoir plus sur Hector M. : http://0z.fr/ugmvS & http://0z.fr/Ckmyc & http://0z.fr/MWtD3
Date de sobriété : 5 décembre 1965
Hector M. à Noël... SOBRE !