"L'alcoolisme, une maladie dont on ne guérit jamais"
in "Le Quotidien" (Québec), 5 mars 2017
Sylvie et Mélanie, deux membres des Alcooliques Anonymes (AA), s'entendent sur un point : de plus en plus de jeunes sombrent dans l'alcoolisme et la toxicomanie. Ils ont 20, 25, 30 ans et sont aux prises avec cette maladie qui mène à la déchéance, la pauvreté de l'être et le mépris de soi.
Samedi, à la Cité Saint-François de Jonquière, c'était la sixième édition du 12 heures de partage, organisé par les AA. Les membres étaient invités à assister à des témoignages, aussi appelés partages, chaque heure de la journée. Sur les lieux, la responsable des communications publiques pour le secteur Jonquière, Sylvie G, était heureuse de constater que des représentants de la presse ont répondu favorablement à l'invitation de la section locale du mouvement. L'activité, qui se déroule sous forme de colloque, est ouverte au public et les AA estiment qu'il est important de parler ouvertement d'alcoolisme, dans le respect de l'anonymat des membres. Plusieurs ont accepté de discuter de leur expérience et de la lutte qu'ils ont menée ou mènent toujours pour vaincre cette bête ravageuse.
«L'alcoolisme est une maladie dont on ne guérit jamais. Elle n'est pas valorisante, pas reconnue et elle est souvent perçue comme un manque de volonté de la part de la personne de se prendre en mains. C'est une maladie qui touche les émotions et qui nous amène à prendre les mauvaises décisions. L'alcoolisme mène inévitablement à la prison, la folie ou la mort», tranche Sylvie, abstinente depuis 20 ans.
La dame ouvre une parenthèse sur son propre passé, ces événements qui lui ont fait «toucher le bas fond» et l'ont forcée à aller chercher de l'aide.
«J'étais cokée ben raide. Je pouvais passer deux semaines debout, complètement saoule et gelée. J'étais finie. Je me suis retrouvée dans l'itinérance, habillée en sacs de poubelles», raconte la dame, qui, avant de joindre les AA, a tenté d'arrêter de consommer, sans succès.
«Je glissais tout le temps. J'étais vulnérable et fragile. En fait, j'étais dans un état de très grande fragilité émotivement», poursuit Sylvie G, qui ne manque pas de rappeler qu'un alcoolique «dérange au moins 40 personnes autour de lui». Sylvie a entrepris le voyage vers l'atteinte de la sobriété de son propre gré. Cette décision l'a sauvée.
Mélanie a accepté de raconter un pan de son histoire à la journaliste du Progrès-Dimanche. La femme de 37 ans a joint les AA à l'âge de 21 ans. Après 11 ans de sobriété, elle a eu une rechute de 24 heures il y a trois ans. Elle n'a pas consommé depuis et est maintenant enceinte de 23 semaines.