Dans l'Est-Var et en Dracénie, les Alcooliques Anonymes tendent la main à tous ceux qui veulent se libérer
in "Var-Marin" (France), 21 Janvier 2025
Les Alcooliques Anonymes tendent la main à tous ceux qui veulent se libérer. Le “petit peuple des 24 heures” ouvre ses portes tous les lundis à Saint-Raphaël, les mercredis au Muy…
Osez franchir la porte des AA: c’est ouvert à Saint-Raphaël le lundi, pour reprendre espoir et retrouver un avenir
Le lundi à Saint-Raphaël, le mardi à Draguignan, le mercredi au Muy… Une fois franchie la porte des Alcooliques Anonymes (AA), Sophie a choisi de se rendre à toutes les réunions. "J’étais une loque et les AA m’ont donné l’espoir. L’espoir de m’en sortir que je n’avais jamais connu. Je me voyais condamnée à rester alcoolique jusqu’à ce que mort s’ensuive", explique Sophie, qui veut témoigner pour décider les autres. Faire comprendre qu’il est possible de sortir de la maladie, de retrouver goût à la vie, "comme une renaissance". Les bénévoles tendent la main et tiennent des permanences sur tout le territoire Est-varois.
"Comme beaucoup de personnes, mes premiers verres étaient festifs, raconte Sophie. J’ai tout de suite accroché, pour l’effet désinhibant. J’étais étudiante et je remarquais bien que je buvais plus que les autres mais je n’étais pas inquiète, j’aimais juste faire la fête. L’alcool est associé à notre patrimoine et à toute fête. Ça ne m’a pas empêchée de réussir mes études, de décrocher un bon emploi".
"On se sert de l’alcool comme d’un médicament"
"Mais de l’alcool festif, je suis passée à l’alcool détente, un verre après le travail le soir. Et comme c’est une maladie progressive, j’ai eu besoin de davantage d’alcool pour avoir les mêmes effets de bien-être. Pourtant, j’avais un travail, un appartement, mon mari, mon enfant. Mais on se sert de l’alcool comme d’un médicament. Mon métier me stressait beaucoup, il fallait être compétitif, toujours à 100%, on avait des concurrents. J’avais le cerveau tout le temps en ébullition, même à la maison. Mon patron était tyrannique. Et le verre de temps en temps est devenu quotidien, précise Sophie. L’alcool diminuait mon angoisse, toute cette pression. Il gelait mes émotions".
Et de renchérir: "L’accélération s’est faite il y a une quinzaine d’années avec une augmentation des doses et de leur fréquence. Mon mari me voyait dans des états lamentables. Il me disait: mais pourquoi tu ne bois pas qu’un seul verre? Il ne comprenait pas que je ne pouvais pas. L’alcoolique n’a pas le bouton stop qui permet d’arrêter avant l’état critique. Du coup, je lui ai fait vivre la misère. Il devait faire le tour des bars pour me retrouver. Il a beaucoup souffert".
Statistiquement, un alcoolique fait souffrir au minimum cinq personnes autour de lui.
"Je voyais qu’il y avait un problème mais je me disais que j’allais pouvoir réguler. J’ai longtemps gardé l’illusion de devenir une buveuse modérée, a confié Sophie. J’ai réalisé trois cures de désintoxication et j’ai longtemps essayé la demi-mesure mais je n’ai jamais réussi. Et l’alcool augmente la dépression. Je me mettais dans des situations dangereuses, extrêmes, à en mourir. J’ai failli me noyer, j’ai eu des accidents. Mon mari était désemparé. Et moi, je ne me sentais plus à ma place dans le foyer. La maladie était la plus forte. La seule chose que j’ai pu faire pour préserver mon enfant et mon mari a été de partir pour les laisser vivre en paix. Ça a été un sacrifice mais la dépendance était tellement forte que je ne trouvais aucune raison de m’en sortir".
Plutôt que de continuer à entraîner sa famille dans cette spirale infernale, Sophie a quitté la région, ses bars, ses fréquentations alcooliques, est venue s’installer dans l’Est-Var pour tenter de rebondir… Mais toujours sans parvenir à quitter la bouteille.
Pour Sophie: "Il faut vraiment toucher le fond, en avoir marre de ne pas pouvoir vivre sans alcool et marre de ne pas pouvoir vivre avec l’alcool. Être en train de crever d’alcool. J’avais très peur d’aller aux Alcooliques Anonymes. J’en avais une image très dégradée, de SDF. Mais il y a neuf mois, j’ai franchi la porte. Et là, j’ai vu des gens bienveillants, souriants, un accueil incroyablement chaleureux… Pouvoir m’exprimer sans jugement, me sentir comprise, j’ai eu un sentiment de libération".
"Aux AA, j’ai vu des gens rétablis, heureux"
En écoutant les mêmes expériences de souffrances, mais aussi de nouvelles vies, en se libérant de son obsession d’alcool par la parole, Sophie a retrouvé l’espoir.
"J’ai rencontré d’anciens alcooliques qui vivaient heureux. J’ai vu des gens rétablis, qui s’en étaient sortis. Qui m’ont aidée à accepter de ne pas prendre le premier verre un seul jour. Seulement 24 heures. Parce qu’accepter de ne plus jamais boire de sa vie était trop lourd, souligne-t-elle. J’ai essayé puis les 24 heures se sont enchaînées grâce aux réunions, à ma marraine, aux témoignages des autres, au partage. On fait du covoiturage pour aller aux réunions dans les autres villes. Et je ressors des réunions avec beaucoup de force et l’envie de persévérer. Il y a une issue. Et je veux dire: franchissez la porte des AA et rejoignez le petit peuple des 24 heures!"
Savoir +
AA: réunions toujours à 20 heures, le lundi à Saint-Raphaël, maison des associations. Le mardi à Draguignan, maison de la solidarité. Le mercredi au Muy, maison paroissiale, et à Saint-Tropez, 69, rue Gambetta. Le vendredi à Sainte-Maxime, maison des associations. Tel. local: 07.67.46.39.21. ou les permanences 7 jours/7, 24h/24 au 09.69.39.40.20.