"LA VIE APRÈS L’ALCOOL"

Publié le par kreizker

in "L'Accent Bourguignon", mai 2017

 

"LA VIE APRÈS L’ALCOOL"

Les 13 et 14 mai 2017, se tiendra à Agencourt, en Côte-d’Or, la convention régionale des Alcooliques anonymes de Bourgogne Franche-Comté. Nous avons rencontré Lucie (*) et assisté à ses côtés à une réunion de son groupe. Parcours extraordinaire de gens ordinaires…

Ce soir, c’est tournée générale de nounours en chocolat. La boîte passe de main en main et la dizaine de personnes réunies s’amuse : « Ça pourrait devenir une vraie addiction, ce truc-là », plaisante quelqu’un en avalant une friandise. À dix-neuf heures, comme chaque jeudi dans cette petite ville de Bourgogne, Lucie (*) ouvre la rencontre : « Bonsoir, je suis Lucie, malade alcoolique… »

Malade alcoolique, Lucie ? Elle n’a plus touché une goutte d’alcool depuis 1982… Voix chaleureuse, avec une pointe d’accent chantant du Sud, vêtue de couleurs chaudes, visage juvénile, elle plante ses grands yeux bleus dans ceux de ses interlocuteurs et leur sourit. Cela fait un peu plus de dix ans, qu’avec Jean, son mari, abstinent lui aussi après quarante ans d’alcoolisme, ils ont ouvert ce groupe en arrivant en Bourgogne, pour continuer à se soigner et à aider les autres, ceux qui ne peuvent pas s’en sortir autrement. Pas les fêtards, explique Lucie, qui se saoulent le week-end entre potes et reprennent le travail le lundi matin avec du café et une bonne gueule de bois ; pas les buveurs à la petite semaine, imbibés certes, mais jamais visiblement ivres et tout surpris quand ils apprennent qu’ils ont une cirrhose. Pas non plus les désespérés, qui à la suite d’une épreuve, plongent un temps dans l’alcool pour oublier leur souffrance et qui, lorsqu’ils ont pu en soigner la cause, retrouvent une consommation sans danger. Non, c’est d’autre chose qu’il s’agit. Et Lucie explique que chez certains, « on ne “devient” pas mais on “naît” alcoolique, avec une prédisposition qui fait que le simple premier verre entraîne le deuxième, puis le troisième, inexorablement jusqu’à l’overdose, le coma en l’occurrence, et ce, à répétition ». Comme le dira en réunion Olivier, un pas tout à fait trentenaire, qui lâche dans un sanglot : « J’ai pu décrocher de la coke, de l’héro… mais de toutes les drogues, cette saloperie d’alcool est la plus insidieuse… »

Publié dans AA france

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