« Je vais bien, merci » : retrouvailles libératrices chez les Alcooliques Anonymes de Lens

Publié le par kreizker

in "La Voix du Nord" (France), 10 Septembre 2021

Un an et demi sans se voir, c’est long. En cette rentrée, l’association des Alcooliques Anonymes de Lens renoue avec ses réunions hebdomadaires. Le Covid et les confinements n’auront pas réussi à casser le lien entre les membres.

Une quinzaine de personnes étaient présentes ce lundi soir pour partager leur expérience passée avec l’alcool. Certaines accompagnées de leurs proches.

Une quinzaine de personnes étaient présentes ce lundi soir pour partager leur expérience passée avec l’alcool. Certaines accompagnées de leurs proches.

C’est d’abord une ambiance légère, où l’on se passe le café et la boîte à sucres avec un sourire en coin. Les tables forment un grand carré dans cette salle du stade Léo-Lagrange de Lens. Tout le monde se voit et se salue. « Ça faisait longtemps », entend-on.

L’assemblée devient plus grave à l’heure de prendre la parole : 19 h 30 pétantes. Ici, on cause alcool et vies fracassées, tentatives de suicide, bouteilles planquées, proches désemparés, cures inutiles. La quinzaine de participants acquiesce quand l’un parle. Les Alcooliques Anonymes de Lens se retrouvent enfin, après un an et demi sans se voir.

Lien préservé

Une éternité : « C’était très long, confirme le co-animateur Cyril. On pensait perdre beaucoup de membres avec le Covid, au final, non. Le lien a été préservé. » Merci Facebook et les coups de fil entre les membres, tout au long des confinements successifs, pour se donner des nouvelles, s’encourager à « ne pas retomber ». Les autres groupes du bassin minier ne peuvent pas en dire autant.

À Lens, on écoute Hervé, la peau bronzée par des vacances fin août avec sa chérie. « À l’hôtel, c’était alcool à volonté, il y avait la tentation. Tous les autres couples étaient "beurrés" du matin au soir. Ils racontaient les mêmes histoires à chaque repas. Moi, j’ai tenu et je vais bien, merci. »

 

 

« Trois mois, c’est déjà énorme Alain. Tiens bon. »

 

Hervé a pensé aux réunions des AA, à ses efforts depuis toutes ces années. Le médecin, qui « faisait la morale aux patients » tout en s’assommant de whisky le soir, n’a pas bu une goutte.

La famille retrouvée

Près de lui, la pimpante Marie-France glousse sur son passé : elle avait « horreur des alcooliques ». Elle en est devenue une, pendant vingt ans. La retraitée s’en est sortie il y a quatre ans, « grâce aux AA, sa deuxième famille ». Le mot revient toutes les cinq minutes. La solidarité autour de nous saute aux yeux. « Trois mois, c’est déjà énorme Alain. Tiens bon », lance-t-on au plus jeune, nouveau venu dans la bande.

L’association espère garder le lien qui unit ses membres.
L’association espère garder le lien qui unit ses membres.

L’association espère garder le lien qui unit ses membres.

Même le « président » Philippe s’y met, avec sa chemise cintrée et sa fine barbe. Il a connu sa période lui aussi : « On m’aurait mis au Sahara que j’aurai trouvé de quoi me bourrer la gueule. » Membre des AA puis co-responsable de la section lensoise, il se félicite du retour aux réunions. « Sans jugements, ni critères d’entrée. » Une famille qui a encore tant à se dire.

Réunion des Alcooliques Anonymes de Lens tous les lundis à 19 h 30, au stade Léo-Lagrange, sous les tribunes. Séance ouverte aux proches les premiers lundis du mois. Contact : Tél. 09 69 39 40 20.

Plusieurs groupes ont fermé

Si, à Lens, le groupe des AA a pu se retrouver après une longue absence, il n’en est pas de même partout. La crise sanitaire, synonyme d’arrêt des réunions associatives partout en France, a eu d’importantes conséquences sur les autres groupes du secteur. Selon Philippe, co-responsable à Lens, « les groupes d’Hénin-Beaumont1, La Bassée, Béthune » auraient été contraints de fermer leurs portes.

« Certains n’ont plus accès à leur local, éclaire Philippe. D’autres n’ont pas réussi à garder leurs membres. » Un second point qui rappelle, inévitablement, la notion de volonté chez les Alcooliques Anonymes. « C’est la décision de chacun, on ne peut forcer personne à venir. Le premier pas, c’est à eux de le faire », certifie Cyril. Avec la fermeture de groupes alentours, l’antenne lensoise espère récupérer des membres. Certains viennent déjà de très loin pour partager leur expérience.

 

1 Le groupe héninois disposait d’une salle prêtée par le centre hospitalier de la commune, inacessible en temps de Covid. En cette rentrée, l’association aurait retrouvé un local, mis à disposition par la mairie. Les réunions devraient donc reprendre d’ici peu.

Publié dans AA france

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