"La solution, je l’ai trouvée au travers des AA"...

Publié le par kreizker

in "Var-Matin" (France), 17 Décembre 2021

"La solution, je l’ai trouvée au travers des AA"... L'association "Alcooliques Anonymes" de Fréjus tend la main aux personnes ayant un problème d'addiction à l'alcool

En cette période de fêtes et de bombances, les bénévoles de l’association, sevrés, invitent tous ceux qui ont un problème d’addiction à l’alcool à venir à les rencontrer lors d’une réunion.

Dans la salle des Alcooliques Anonymes (AA), tout le monde est dans la même galère et personne ne se juge.

Dans la salle des Alcooliques Anonymes (AA), tout le monde est dans la même galère et personne ne se juge.

Sans jamais être jugé, pouvoir parler. Dans la salle des Alcooliques Anonymes (AA), tout le monde est dans la même galère. Qu’ils soient sevrés ou en plein dedans, les membres de l’association s’écoutent. Se parlent. Sans tabou parce qu’ils ne seront pas montrés du doigt. Sans se couper la parole pour pouvoir déballer tout ce qu’ils ont sur le cœur.

Cette période de fêtes et de bombances, voire de beuveries, est l’occasion de plonger dans les excès. Les bénévoles de l’antenne raphaëloise invitent tous ceux qui ont un problème d’addiction à l’alcool à venir les rencontrer. "Venez voir une réunion. Venez partager avec les gens qui ont connu ou connaissent les mêmes problèmes que vous. Entendez nos expériences et vous pourrez vous situer dans cette addiction. Osez venir parler d’alcool pour vous en libérer", incite Philippe.

"Vivre enfin paisible"

C’est un message d’espoir que ce dernier veut faire passer: "On peut en sortir, et enfin vivre paisible". Ancien alcoolique, il tend la main à ceux qui le sont encore, animant les réunions chaque semaine à la maison des associations.

"Les gens qui se sont rétablis grâce aux groupes des AA aident ensuite ceux qui en ont besoin. On transmet notre expérience, notre force et notre espoir dans le but de résoudre le problème commun de l’alcoolisme. J’ai commencé à boire à 18 ans et tout de suite, pour moi, ça a été un produit magique. J’allais vers les autres, ça s’est bien passé pendant de nombreuses années".

Avec les collègues, les amis, la convivialité, un verre en appelant un autre, et "c’est devenu une habitude sans m’en apercevoir. C’est pernicieux, ça fait partie des relations professionnelles, du job. Mais à un certain moment, on perd la maîtrise de sa vie, il y a des problèmes d’agressivité, une perte du permis de conduire. Puis, on s’isole. Quand je buvais seul, j’avais touché le fond psychologiquement. On est dans l’angoisse, le stress, la peur, on a l’impression de s’enfoncer. Il n’y a plus de possibilité de communiquer. On est tout seul"

"Le plus dur: admettre qu’on est alcoolique"

Philippe a finalement décidé de chercher une solution, le jour où il a réussi à admettre qu’il était devenu alcoolique. "C’est vraiment le plus compliqué car on reste dans le déni jusqu’à toucher le fond. Et la solution, je l’ai trouvée au travers des AA, des personnes qui avaient connu la même maladie et qui avaient découvert une autre façon de vivre. La parole libère".

Il y a 25 ans, Philippe a poussé la porte des AA et n’a jamais cessé les réunions. "Je suis retombée deux fois, avoue-t-il. C’est une maladie incurable, une dépendance qui finit par être mortelle en passant par la case dépression, solitude, et même parfois prison. La seule façon de s’en sortir, c’est de rester dans l’association pour se rappeler régulièrement qu’on est alcoolique. À vie. Et que le but, c’est de vivre abstinent. Il faut arriver à ce que l’obsession de boire passe, être abstinent pour vivre de façon épanouie"

 

Pour celui qui arrive la première fois une réunion des Alcooliques Anonymes, est la personne la plus importante de la soirée. 

 

Des anciens alcooliques au service des "AA"

Celui qui intègre une réunion pour la première fois est la personne la plus importante de la soirée. Il est écouté, soutenu, considéré et respecté. "Il y a des parrains et marraines pour aider à tout moment. Nous avons aussi des livres, un programme de rétablissement, expliquent Corinne et Philippe qui animent le groupe raphaëlois et se rendent à l’hôpital intercommunal tous les jeudis pour visiter les patients en cure de sevrage. Nous n’avons pas de chef, pas de cotisation. C’est la solidarité entre les gens qui ont des problèmes d’alcool. Qui transmettent leurs expériences, leurs suggestions. Les AA nous sauvent la vie et une fois abstinents, nous sommes si reconnaissants pour ce groupe qui nous a sorti de l’enfer, c’est notre devoir de tendre la main aux autres alcooliques, de les écouter, d’avoir les mots qui ne heurtent pas, en toute humilité". Un jour à la fois.

Réunions à Saint-Raphaël à partir du 3 janvier, tous les lundis à partir de 20 heures (réunion ouverte aux proches le deuxième lundi de chaque mois) à la maison des associations, au 213, rue de la Soleillette. Tel de Saint-Raphaël : 07.67.46.39.21. et le numéro national 09.69.39.40.20. (permanence téléphonique sept jours sur sept et 24h/24

Pendant ces fêtes de fin d’année, il est toujours possible d’aller dans les groupes du Muy, tous les mercredis à 20 heures, maison paroissiale, 43, RN7, ceux de Draguignan tous les mardis à 20 heures, maison de la solidarité, boulevard Bernard Trans, ceux de Sainte-Maxime tous les vendredis à 20 heures, maison des associations, rue Jean Corona et ceux de Saint-Tropez tous les mercredis à 20 heures, au 69, rue Gambetta.

"Si on boit un verre, on est pris d’une irrépressible envie d’en boire encore un et un autre", témoigne Corinne.

"Si on boit un verre, on est pris d’une irrépressible envie d’en boire encore un et un autre", témoigne Corinne.

"La honte m’empêchait d’entrer"

Pour Corinne, il n’y avait pas d’endroit où elle pouvait parler de ses problèmes et c’est dans une réunion des AA qu’elle s’est aussi libérée. "La honte m’empêchait d’entrer dans la salle, surtout pour moi, une femme, se souvient-elle. J’avais peur qu’ensuite on me reconnaisse. Mais en fait, il n’y a aucun jugement et c’est complètement anonyme. On est nombreux à être dépendants. Et on rencontre des gens qui s’en sont sortis. Donc, on voit que c’est possible. C’est vrai qu’il faut rester vigilant. Si on s’éloigne des réunions, qu’on pense qu’on va bien, on risque de replonger. Il faut admettre qu’on est alcoolique à vie et qu’on doit être abstinent à vie. Si on boit un verre, on est pris d’une irrépressible envie d’en boire encore un et un autre. On est impuissant devant le produit, démuni, sans moyen de réguler. Le plus important dans le rétablissement, c’est d’admettre notre dépendance. Jusqu’à cette prise de conscience, on va jusqu’à perdre la maîtrise de sa vie. Tout le monde s’éloigne de vous, la famille est désemparée"

Maman de deux enfants

Corinne, très sportive, maman de deux enfants, ne buvait pourtant pas tout le temps. "C’était cyclique. Je ne buvais pas pendant les compétitions, pendant un mois et ensuite, si je prenais un verre, je ne pouvais plus m’arrêter. C’est tellement sournois, déroutant, un simple verre et on retombe. Les alcooliques sont des gens hypersensibles, hyperémotifs. L’alcool est un antidépresseur pour quelques heures. Au début, c’est impossible d’imaginer qu’on ne boira plus jamais. On a toujours des circonstances, des alibis, des "c’est à cause de…" Mais quand on est passé par là, on peut prendre en compte la souffrance des autres et les aider. C’est l’effet miroir dans les réunions qui m’empêche d’oublier que je suis alcoolique. C’est pour soi qu’il faut d’abord arrêter de boire'. Pour mieux se tourner vers les autres ensuite

Publié dans AA france

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article