[Enquête] Seine-Maritime. Changer son rapport face à l'alcool

Publié le par kreizker

in "Tendance-Ouest" (France), 12 Janvier 2022

Santé. Le mois de janvier, avec Dry January, est l'occasion de s'intéresser à ses pratiques face à l'alcool. Il est difficile de se sortir d'une dépendance, mais des associations aident les malades. Diminuer sa consommation de quelques verres peut déjà avoir des effets bénéfiques sur sa santé

Les Alcooliques Anonymes organisent des réunions toute la semaine dans l'agglomération rouennaise.

Les Alcooliques Anonymes organisent des réunions toute la semaine dans l'agglomération rouennaise.

Une bonne résolution pour certains, un défi pour d'autres voire un changement de comportement total. Le mois de janvier marque la nouvelle édition du Dry January, une idée importée de nos voisins d'outre-Manche visant à arrêter la consommation d'alcool après des excès pendant les fêtes de fin d'année.

Le parallèle entre tabac et alcool

Une initiative qui rappelle celle du Mois sans tabac, mais qui ne comprend pas les mêmes enjeux selon Alexandre Baguet, chef du service d'addictologie au CHU de Rouen : "Une faible dose d'alcool entraîne un faible risque pour la santé, ce qui n'est pas le cas pour le tabac." Le rapport entre la cigarette et l'alcool n'est ainsi pas le même "puisqu'il n'y a pas de faible dose de tabac sans toxicité". Alexandre Baguet rappelle ainsi ce conseil : "Deux verres d'alcool par jour et pas tous les jours." Mais prudence, puisqu'il s'agit là de verres de bistrot, et que les doses à la maison "ne sont pas toujours les mêmes". Le signe qui doit alerter, c'est l'accoutumance aux effets de l'alcool. "Si on s'aperçoit qu'au troisième verre, on ne ressent plus les effets que l'on ressentait avant, c'est là qu'il faut se questionner", alerte le Dr Baguet. Le risque étant de vouloir consommer plus d'alcool pour ressentir les mêmes effets sur le stress, la fatigue ou la désinhibition par exemple.

"Beaucoup de jeunes se sont
intéressés aux Alcooliques
Anonymes lors du confinement avec des réunions en visio."

Face à l'alcool, "le plus grand danger, c'est soi-même", tient ainsi à rappeler Philippe, l'une des figures des Alcooliques Anonymes à Rouen, abstinent depuis 26 ans. Il a vu "de nombreux jeunes" s'intéresser à l'association lors du premier confinement "grâce aux réunions organisées en visio", même s'il est difficile depuis de les faire participer aux réunions physiques. L'occasion d'expliquer qu'il y a "une frontière entre le plaisir et le besoin", comme le confirme Alexandre Baguet : "Quand quelqu'un prend un apéritif tous les soirs en rentrant du travail, est-ce encore pour se faire plaisir ou est-ce devenu une habitude ?"

"Il faut se rendre compte si l'on boit trop et se dire alors qu'il est nécessaire de lever le pied", poursuit le chef du service d'addictologie. La problématique est différente pour les malades alcooliques, qui "bien souvent ne doivent plus consommer du tout, même si certains arrivent à reprendre une consommation raisonnable". Pour autant, les témoignages et les parcours de vie des abstinents (lire ci-dessous) montrent qu'il suffit parfois de peu de choses pour devenir dépendant à l'alcool. "Quand quelqu'un se lève le matin et a les mains qui tremblent, qu'il ne peut calmer cela qu'en se servant un verre, c'est souvent là que viennent les inquiétudes", indique Philippe. Quand la consommation ne peut plus être maîtrisée par soi-même, il est alors nécessaire de se faire accompagner par les médecins puis entourer par sa famille ou des bénévoles d'association comme les Alcooliques Anonymes.

Publié dans AA france

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article