Dry January : "J'ai fait mon premier coma éthylique à 12 ans", raconte une membre des Alcooliques Anonymes

Publié le par kreizker

RTL, 14 Janvier 2025

Vous faites peut-être partie de ces Français qui se sont lancés le défi du mois sans alcool, le "Dry January". Cette pause peut être le déclencheur d'une prise de conscience sur notre relation à l'alcool. Pour de nombreuses personnes, cela les a déjà amenées à pousser les portes des Alcooliques Anonymes.

 

Chez les Alcooliques Anonymes, il y a deux types de réunions, ouvertes ou fermées. Pour celles qui sont ouvertes, vous pouvez y entrer librement. Une trentaine de personnes sont autour d'une longue table en bois sur laquelle une jeune femme au fond, petite, maintient ses deux bras comme pour l'aider à rester debout.

"Je m'appelle Daphné, je suis alcoolique. J'ai 25 ans. Ça fait deux ans que je n'ai pas bu", dit-elle simplement. Son regard se fait vide au moment de raconter son histoire, ce qui l'a amené à pousser la porte des Alcooliques Anonymes.

J'ai fait mon premier coma éthylique à 12 ans.

Daphnée, 25 ans

"C'est difficile de vivre avec des parents alcooliques. Les gens qui sortent faire les courses ou qui vont faire les courses, j'attendais devant et je donnais l'argent et je disais est-ce que vous pouvez m'acheter une bouteille de vodka ? Et je faisais ça souvent le mercredi après-midi, dès que j'avais un moment libre", confie-t-elle. 

"J'ai fait mon premier coma éthylique à 12 ans. Déjà, j'avais des problèmes de sang, ça se voyait que je commençais à tirer un peu la corde. Je n'arrivais plus à revenir à la vie, tout était dicté par l'alcool. Je suis arrivée ici, je vous jure que je ne me donnais pas une semaine de plus si je n'avais pas eu cette réunion à ce moment-là. C'est comme si j'avais nagé pendant très très longtemps et j'ai trouvé une île", poursuit-elle. 

Annie Fassa, marraine des Alcooliques Anonymes, sobre depuis 25 ans, l'âge de sa filleule, lui secoue les épaules et la félicite. Arnaud, qui l'a vu entrer ici pour la première fois, prend la parole. 

"Quand je t'ai vu un peu débarquer, je me suis dit, oh cette nana, toute jolie et toute fraîche, c'est l'étudiante d'Hypokhâgne. Et c'était bien la preuve qu'il n'y a pas d'état particulier à avoir pour arriver ici. C'est la maladie en fait qui est à mettre en exergue dans cette histoire et non pas la carcasse qui supporte ça", explique-t-il. 

Alors pas de débat dans ces réunions qui durent 1h15, souvent des ressentis, des vécus. Chacun dit ce qu'il veut pour souvent arriver à la même conclusion en s'adressant au groupe : "Sans vous, je serais mort".

Une prise de conscience grâce au Dry January

Il y a dans ce groupe, des personnes qui sont arrivées aux Alcooliques Anonymes grâce au Dry January. C'est le cas de François, le visage à moitié dissimulé par son col roulé.

"Au moment du Covid, j'ai décidé d'arrêter la coke. Et de la coke, je suis passé à l'alcool. J'essaye d'arrêter, j'ai fait trois cures. Aujourd'hui, je suis content parce que je n'ai rien bu ce matin, je n'ai rien bu cet après-midi. Voilà. Je voulais arriver présentable, enfin pas présentable, dans la volonté et dans le mouvement ici. Mais je sais que je suis extrêmement fragile et que le chemin va être long", confie-t-il aux autres. Pour ses 24 heures sans alcool, François obtient une médaille à la fin de la réunion. 

Un calvaire pour les proches

Daphné a sorti les gâteaux, le moment qu'a choisi Julia qui était au fond de la pièce sans rien dire pour raconter son histoire. Elle n'est pas alcoolique, mais son frère l'est. 

"J'ai un jeune frère qui a 23 ans, qui est en train de se tuer à petit feu tous les jours. Il est déscolarisé, il fait vivre un enfer à mes parents. On vit que dans la peur qu'un jour, il ne rentre pas, on planque les bouteilles d'alcool. J'avais besoin d'absorber un peu ces témoignages, de comprendre là où ça leur avait fait du bien en fait", assure-t-elle.

On lui explique alors qu'il existe des groupes spécifiques pour les proches d'alcooliques. Ça s'appelle Al-Anon, avant de lui rappeler, bien sûr, qu'il reste de la place autour de la table pour accueillir son petit frère lorsqu'il aura décidé de venir et de pousser la porte des Alcooliques Anonymes.

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