« Je pensais que les autres ne buvaient pas assez »

Publié le par kreizker

in "Sud Ouest", 27 avril 2012

Les Alcooliques anonymes organisent la 25e « convention Bretagne », ce week-end à Loctudy, au Dourdy. L'association propose un programme de rétablissement. Pour une abstinence heureuse.

 

Entretien

Avec Bill et Bob, alcooliques anonymes (prénoms d'emprunts, couramment utilisés par les Alcooliques anonymes en référence aux deux premiers alcooliques qui ont créé le mouvement aux États-Unis en 1935.)

Quelles sont les différences entre les Alcooliques anonymes et les autres groupes d'abstinents ?

Notre différence, c'est notre programme de rétablissement en 12 étapes. Une seule de ces étapes parle d'alcool. Pour le reste, il s'agit d'étapes qui parlent d'une introspection. Nous tenons des réunions avec un thème. Chaque personne parle à tour de rôle. Elle n'est pas coupée dans sa parole.

Vous parlez aussi de spiritualité : que voulez-vous dire ?

L'alcool n'est qu'une partie de l'iceberg. Il est là pour cacher les autres problèmes, la peur, la timidité, l'angoisse. J'ai trouvé une autre façon de vivre pas forcément tourné vers moi-même, j'ai commencé à m'intéresser aux autres en arrêtant de boire. On ne guérit pas. On se rétablit. Le programme de relèvement des Alcooliques anonymes est basé sur l'acceptation de certaines valeurs spirituelles.

 

FRANCE 110

 

Expliquez-nous l'anonymat des AA

Il y a bien sûr la protection du nom, pour nous-mêmes et notre entourage. Nos familles, nos amis peuvent se retrouver dans les groupes Al-Anon qui accueillent les proches d'alcooliques, toujours dans l'anonymat. Nous n'allons pas crier sur les toits que nous sommes alcooliques. Il y a aussi une dimension spirituelle : dans l'anonymat, nous sommes tous les mêmes. L'ancien prisonnier est à côté du policier, du juge, de l'ouvrier. Hommes et femmes, âgés ou jeunes, nous sommes tous égaux autour de la table.

Pourquoi les Alcooliques anonymes refusent-ils les polémiques et ne prennent pas part aux débats publics ?

Nous ne sommes pas des médecins, ni des soignants. La seule condition requise pour faire partie des AA est un désir d'arrêter de boire. Pas de cotisation, pas de droit d'inscription ! Et pas de débats ou de polémiques sur des sujets qui pourraient faire perdre son unité au mouvement. Nous ne portons pas de jugement sur la parole de l'autre.

Notre conseil d'administration est composé de personnes rétablies et de non alcooliques. Ce sont les groupes AA qui gouvernent. L'absence de lois, de règles ou d'obligations est l'un des traits caractéristiques des AA. À l'échelon du groupe ou au niveau mondial. Pour ouvrir un groupe, il suffit d'une cafetière et d'avoir bu. Parfois beaucoup bu !

Se dire qu'on ne va plus boire, ça peut faire peur...

Nous ne savons pas pourquoi nous sommes alcooliques. Il n'y a pas une réponse, mais peut-être dix ou cent réponses. Longtemps, j'ai pensé que les autres ne buvaient pas assez ! J'ai arrêté avec l'aide des AA à l'âge de 44 ans. J'ai un parcours dans l'alcool sur lequel je ne m'apitoie pas. Souvent les nouveaux venus en AA s'interrogent sur le comment faire pour arrêter de boire durant des années... Nous disons que nous arrêtons de boire pour aujourd'hui, pour 24 heures. La vie d'abstinent est quelque chose de joyeux.

Renseignement Alcooliques anonymes en Cornouaille 06 63 17 53 24 ; Iroise 0602 98 46 44 54 ; national 08 20 32 68 83. Al-Anon : 01 42 81 97 05

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