"Aujourd’hui, j’ai décidé que je ne boirais pas le premier verre"
RTBF (Belgique), 7 Janvier 2023
On les appelle les "A.A.". Les Alcooliques Anonymes. En Wallonie et à Bruxelles, il existe plus de 200 groupes. Ils ne recrutent pas, n’acceptent aucun subside. Leur leitmotiv : aider les membres à "s’aider eux-mêmes", en devenant abstinents. Comment y parvient-on ? A quel prix ? Et… avec quels bénéfices ? Nous avons recueilli les témoignages de plusieurs membres des "Alcooliques Anonymes". Ils habitent Mons, Saint-Ghislain, Nivelles, Liège… Sans tabou, ils nous ont tout expliqué. Du jour où cela a fait "tilt", aux angoisses des premières réunions, en passant par les réactions de leurs proches, avant, pendant et après. Leurs témoignages étaient diffusés dans l’émission Transversales (le réécouter ci-dessous).
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Alcooliques Anonymes: leur histoire -
Marie, Nikou, Thierry, Michael, Josiane...Tous ont rencontré de graves problèmes avec l'alcool et un jour ils ont dit non. Ils nous racontent leur parcours.
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Visible uniquement en Belgique
"Moi j’étais la femme qui boit seule à la maison, après être rentrée du boulot. Je vivais seule avec mes enfants. C’était devenu difficile, même si c’est pas une excuse… Enfin ! Je buvais tous les soirs", commence Nikkou. Pour Thierry, l’apéro géant au retour du boulot, c’était "le meilleur moment de la journée. Pathétique, non ?" Marie, elle, a plongé pendant le Covid, "à cause des e-apéros". Elle a rapidement descendu la pente, et connu des crises d’alcool qui lui font honte rétrospectivement. "J’ai aussi plusieurs fois risqué ma vie, me voyant passer de la bande de droite à la bande de gauche, sur l’autoroute…" Tous pensaient "garder le contrôle", voire même le "secret" sur leur addiction. Même à sa femme, Michael a su dissimuler son penchant pour la bouteille, "jusqu’au jour du mariage". Chez Josiane, les repas de famille tournaient souvent au vinaigre. Mais de là à se définir comme une alcoolique ? Allons, allons…
Moi, alcoolique ? Jamais de la vie !
Chacun son histoire, ses déboires, et soudain son déclic. "Quand ma fille m’a annoncé qu’elle allait avoir un enfant", se souvient Josiane. "Je me suis dit qu’elle ne me laisserait pas la garde du bébé, je me suis imaginé tomber dans les escaliers…" Pour Thierry, c’est la sentence des médecins qui est tombée. Boire ou mourir, il fallait choisir. "Et même ce choix-là n’a pas été évident", reconnaît-il. Nikkou gardera toujours en tête le geste de son fils. Un seul geste, las, qui lui montrait la bouteille. Ça tient à pas grand-chose, les déclics, parfois. "C’était il y a 27 ans". Aucun d’entre eux n’a poussé la porte des "A.A." dans la joie et l’allégresse. C’était plutôt la tête pleine de questions, de peurs. "Je ne me voyais pas… comme 'ça'. Pour moi, être alcoolique, c’était être un pochtron, sur le trottoir. Totalement désinhibé. C’était pas moi !", explique Marie. Un peu à reculons, elle ira tout de même, à cette première réunion. Elle sera frappée, comme les autres, d’y voir des gens "heureux", capables de parler de leurs problèmes, ou d’autre chose. De la vie, tout simplement, avec ses bons et ses moins bons côtés. "Même les moments de joie peuvent nous rapprocher de la bouteille", précise Michael.
Le jour où j’ai déposé les genoux à terre, où j’ai reconnu que j’avais un problème, tout est devenu plus simple
"C’est ça qui est un peu pernicieux avec l’alcool". Il va désormais aux réunions "comme d’autres vont à la salle de sport, au yoga, au cinéma : c’est mon activité, un endroit qui me ressource". Marie a repris les rênes de sa vie, sans avoir abandonné pour autant tout ce qu’elle aimait faire, "avant". "J’ai 30 ans, j’aime sortir, m’éclater, danser, faire la folle. Tout ça, je le fais encore. A la différence près qu’aujourd’hui, je me souviens de tout, après mes soirées, je ramène les autres à bon port. Et quand l’alcool coule à flots autour de moi, que ça devient difficile, hé bien je m’en vais"
Un jour à la fois, sans pression
"Si on m’avait dit, il y a 27 ans, que ma vie changerait à ce point, je ne l’aurais pas cru", conclut Nikkou. "J’ai repris le contrôle de mes finances, ça se passe bien avec mes enfants, j’ai eu des opportunités de carrière… tout va mieux !" "Mais ne me demandez pas si je serai abstinent aux prochains barbecues, aux fêtes de fin d’année, etc.", ajoute Thierry. "Cela ne sert à rien de se dire ça, c’est se mettre la pression pour rien. La seule chose que je sais, c’est qu’aujourd’hui, je ne prendrai pas le premier verre".
Si vous vous posez des questions, allez peut-être voir ici : Serais-je alcoolique ? – Alcooliques Anonymes.
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