MEXIQUE Alcohólicos Anónimos®
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"Une fois j’ai même pris l’autoroute à contresens": les Alcooliques se serrent les coudes à Toulon
in "Var-Matin" (France), 11 Novembre 2024
Le palais Neptune accueillait, ce week-end, le congrès national des Alcooliques Anonymes en France. Entre témoignages chocs et brèves de comptoir.
Une "ola d’abstinence" a été lancée dans l’auditorium du palais Neptune pour soutenir les participants engagés dans leur lutte contre l’alcoolisme.
"Une machine à boire"
"J’étais une machine à boire. Jusqu’à chercher la bagnole partout parce que j’avais oublié où j’étais garé, se présente Yannick, 71 ans. Mon père est décédé de l’alcool à 44 ans et moi je me voyais prendre le même chemin, vu tout ce que je buvais. Cela a commencé au service militaire où on picolait de la bière, tous les jours pendant un an."
Boire pour oublier "les problèmes du quotidien", jusqu’à toucher le fond. "Ma fille n’a pas voulu me voir pendant 25 ans. Mais il y a quelques années, lorsque je suis devenu sobre, elle m’a dit qu’elle était fière de moi."
Sobre depuis le 10 novembre 1990, Yannick fête donc ses 34 ans d’abstinence, sous les applaudissements et les bravos de la salle. "Aujourd’hui je peux servir du vin, en acheter et le sentir. Mais je me considère toujours comme alcoolique. Ma force, c’est ma femme que j’ai rencontrée aux AA il y a 29 ans."
"Une fois, j’ai pris l’autoroute à contresens"
"Malade alcoolique abstinente depuis deux ans et sept mois", Anna a adhéré au mouvement des Alcooliques Anonymes où elle a "appris la résilience contre la maladie". "Les AA me redonnent foi en l’Homme. Merci de faire perdurer mon abstinence heureuse", raconte la jeune femme. À ses côtés, Maïa se définit aussi comme une "alcoolique abstinente".
Cette ex-clerc de notaire s’est noyée dans le travail avant de sombrer dans l’alcool. "C’est venu de façon insidieuse. Les bouteilles s’évaporaient toutes seules… Une fois j’ai même pris l’autoroute à contresens et j’ai accusé Escota de mettre les panneaux à l’envers !"
Le déclic ? "Le 22 septembre 1991 ma fille de 17 ans m’avait fait ma valise pour que je parte. À 10 h du matin je suis allée voir un médecin pour lui parler de mes problèmes d’alcool. Il m’a reçue à 14 h. Entre-temps, j’avais descendu une bouteille de pastis ! J’ai été hospitalisée pendant dix jours."
Pour Jean-Claude, 56 ans, chemise blanche et nœud papillon impeccable, cela partait mal. Violenté et abusé par un père alcoolique, il est passé par la prison, la rue… et l’alcool. "Je suis abstinent depuis 29 mois. Comme on dit, 24 heures à la fois !"
Les témoignages et les anecdotes s’enchaînent. La parole est libre au sein de cette grande "famille". Une ola est même lancée pour tous les alcooliques abstinents, dont le dernier verre remonte à 24 heures… ou à plus de 40 ans.
Parmi les invités d’honneur à la réunion, certains n’ont jamais basculé dans l’alcoolisme, mais font partie des groupes Al-Anon pour aider les familles de personnes alcooliques.
Une participante anonyme témoigne : "Je suis une fille d’alcooliques. J’ai connu la violence physique, psychologique, morale… À la maison, c’était le chaos permanent. Je ne connaissais que ça.
J’ai vu ma mère prendre le volant complètement ivre. Avec ma petite sœur, on vidait toutes les bouteilles d’alcool à la maison. Mais ma mère arrivait toujours à en cacher. On a essayé de négocier, de faire du chantage… Mais les choses ont empiré. Pour moi l’alcool ne touche pas que ceux qui boivent. Cela concerne aussi l’entourage".